Année après année, Cédric Cobret met en forme une programmation réussie qui ravit un public fidèle. Cette année encore, Thomas Ford, Babajack, Bad Mules, Lazy Buddies et Nico Duportal & his Rhythm Dudes vont chauffer la salle de l’Avant-Scène à Montfort-sur-Meu au point de faire s’évaporer le crachin local.

Thomas Ford ouvre la soirée, pour honorer son prix Montfort Blues gagné au tremplin des Rendez-Vous de l’Erdre 2013. Son mélange de blues anciens et d’originaux, interprétés avec une même hargne en formule homme-orchestre (g, hca, vo) va scotcher tous ceux qui ne le connaissaient pas encore et qui finiront d’être séduits par les intermèdes parlés dont le français hésitant fait mouche à tous les coups. Ce jeune homme connaît le blues, son chant, son jeu de guitare et d’harmonica le prouvent, et le blues le connaît désormais.

On reste en Angleterre avec Babajack, duo formé par Becky Tate et Trevor Steger et jouant une musique folk rock fortement teintée de blues. Titres originaux et reprises de Son House ou Leadbelly se mêlent dans un set entraînant au cours duquel on admire les guitares de Trevor, montées avec des caisses de vin ou de porto. Le final a pu faire grincer des dents puisque constitué d’une reprise de Black Betty de Ram Jam. On a connu des références plus blues que celle-là.

The Bad Mules occupent, selon leur batteur Denis Agenet, la meilleure place sur l’affiche, la troisième. On se doute rapidement que le quatuor aurait fait fort à n’importe quel moment de la soirée. Julien Broissand (g, vo), Denis Agenet (dm, vo), Philippe Gauthier (org), Alain Pierre (s) ont fait grimper la température d’un coup avec un répertoire rempli de reprises choisies, Guitar Slim, Jimmy Liggins, Michael Bloomfield et consorts, jouées en mode blues, soul, funk, parfois jazzy. C’est bien fait, joué et chanté, Julien apporte les notes bleues nécessaires, l’orgue et le saxophone font du bien à nos oreilles trop souvent agressées, et ça s’arrête trop vite !

Les guitares de Babajack

The Bad Mules

Les locaux de l’étape sont The Lazzy Buddies et leurs fans sont là. La salle entre en ébullition dès leur premier titre. Avec eux c’est rhythm and blues et rock and roll à tous les étages. Guitar Slim, Wynonie Harris, Little Walter, Candye Kane sont invités sur scène et passés à la moulinette dansante du groupe. Soizig Lebreton tient son monde au chant, Dom Genouel assure à l’harmonica tandis que son fils Maxime, le Don Diego de la contrebasse, David Avrit à la batterie et Nico Fleurance à la guitare pompent le rythme, que Guillaume Rousseau enlumine de solos inspirés. Ils écument les scènes de France et en sont devenus une valeur sûre dont on aimerait qu’elle soit encore plus blues.

Difficile de passer après ça ? Pas pour Nico Duportal & His Rhythm Dudes qui vont marcher sans peine sur les braises laissées par les Buddies et alimenter le feu. Nico est en forme, son attitude classieuse, sa voix assurée et son jeu de guitare tranchant le montrent de suite. Les Dudes sont à l’unisson et c’est parti pour une succession de rockin’ blues incandescent repris à Floyd Dixon, Young Jessie, Guitar Junior (Lonnie Brooks), Jimmy Nolen, Art Neville, sans oublier leurs propres compositions, de véritables hits, Real rockin’ Papa, Melanie et Goin’ back to ya.

Six heures de musique et de danse et pas une once de fatigue, c’est la magie du Montfort Blues Festival !

Texte et photos : Christophe Mourot

The Lazzy Buddies

Nico Duportal & His Rhythm Dudes