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Brèves / 05.11.2014

Michael Coleman, 1956-2014

Le chanteur et guitariste Michael Coleman s’est donc éteint le 2 novembre 2014 à l’âge de 58 ans. La cause officielle de son décès est une crise cardiaque mais le bluesman a souffert de diabète et d’obésité : à la fin des années 2000, il a dû suivre un régime sévère, perdant la bagatelle de 70 kilos ! Né le 24 juin 1956 à Chicago, il est le fils de Pete Coleman, mieux connu sous le nom de Cleo « Bald Head Pete » Williams, qui sera notamment le batteur sur plusieurs disques de Willie Kent dans les années 1990, et qui continue de se produire de nos jours avec les Brothers of Absolution. Inutile donc d’ajouter que le jeune Michael se trouve d’emblée au contact du blues de Chicago, apprenant la basse et la guitare, et jouant dès huit ans, aidé par son père… À treize ans, il est dans Midnight Sun, un showband du Top 40, qu’il délaisse toutefois bien vite au profit de séances de blues avec des artistes comme Aron Burton et Johnny Dollar dans le North Side de la Windy City.


Chicago, 1981. © : André Hobus

Très naturellement, il devient musicien professionnel en 1975 et décide de se dédier au blues. L’année 1979 lui met véritablement le pied à l’étrier : après une tournée avec Eddy Clearwater, il est engagé par James Cotton avec lequel il va rester une dizaine d’années et enregistrer trois albums, « High Compression (1984), « Live From Chicago – Mr. Superharp Himself » (1986) et « Harp Attack! » (1990). Il collabore avec d’autres bluesmen renommés (Professor Eddie Lusk, Junior Wells, Buster Benton, Jimmy Dawkins, Syl Johnson…) puis forme son propre groupe, le Michael Coleman’s Blues Band, avec à la clé en 1990 un premier disque pour les Autrichiens de Wolf, « Back Breaking Blues – Chicago Blues Sessions Vol. 18 ». Il en signera trois autres dans les années 1990, un pour Wolf et deux pour la marque italienne SAAR Records.


Avec Willie Kent, Chicago, 2002. © : André Hobus

Il faut toutefois souligner qu’il ne parvient pas à enregistrer pour un label américain… Est-ce dû à sa voix qui peut surprendre et sembler manquer un peu d’assurance à la première écoute, alors que la flamboyance et l’intensité de son jeu de guitare font l’unanimité ? C’est dommage, car quand Delmark se décide enfin à lui faire confiance en 2000 pour le CD « Do Your Thing! » (un autre suivra en 2006, « Blues Brunch At The Mart »), on mesure combien on a affaire à un artiste talentueux et soucieux de faire évoluer son blues. Son surnom « Funky » Michael Coleman et la phrase qui nous accueille sur son site Internet, « You can’t change the blues, you can only make 'em funkier! », disent d’ailleurs bien ses objectifs… En 2003 et 2005, il goûte au hip hop et tient la guitare sur deux albums de Malik Yusef. Mais depuis 2008 et « Harmony Mill » pour Minefield Records, il n’a plus enregistré sous son nom, même si son site propose à la vente un récent CD « May I Have A Chance With You? », sans doute une autoproduction car les éléments sont lacunaires. À moins qu’il s’agisse d’une formule renvoyant vers son précédent CD ? Je ne le saurai pas : mon adresse e-mail que j’ai entrée pour acheter le disque est déclarée invalide… Une énigme. Coleman était de la même génération que Michael Burks (né en 1957) qui nous a quittés en 2012 : en seulement deux ans, nous avons doncperdu deux bluesmen qui paraissaient bien incarner l’évolution du blues moderne.
Daniel Léon