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Brèves / 18.08.2014

Lionel Ferbos, 1911-2014

Du fait des vacances estivales qui ont toujours bon dos, l’information nous a échappé… Le chanteur et trompettiste Lionel Ferbos s’est éteint le 29 juillet 2014 à l’âge de… 103 ans ! Certes, il n’était sans doute pas le seul musicien centenaire de la planète, mais nous n’en connaissons pas beaucoup de cet âge qui soient restés actifs pratiquement jusqu’à la fin : car pour son centième anniversaire en 2011, il déclarait à USA Today : « Tant que j’aurai des dents, je continuerai de jouer. On ne peut jouer de la trompette sans dents. » : Ferbos a finalement donné son dernier concert le 30 mars dernier au club The Maison sur Frenchmen Street à La Nouvelle- Orléans, la ville où il a passé toute sa longue existence. Depuis, il disait se sentir un peu faible…


Au premier plan, avec le groupe de la WPA, 1937. © : DR

Né Lionel Charles Ferbos le 17 juillet 1911, il apprend d’abord le banjo car les médecins lui diagnostiquent de l’asthme, ce qui lui interdit a priori d’envisager de jouer d’un cuivre. Mais à 15 ans, au milieu des années 1920 (on précisera pour resituer les événements que cela se passe avant la Grande Dépression…), il voit Phil Spitalny and his All-Girl Orchestra à l’Orpheum Theater et trouve sa vocation, comme il l’expliquera bien plus tard, en 2007, dans une interview : « Je me suis dit que s’ils pouvaient le faire, je pouvais aussi, et suis allé m’acheter un cornet d’occasion dans un magasin sur Rampart Street. ». Ferbos prend également des leçons et progresse suffisamment vite pour se produire professionnellement dès le début des années 1930 dans des clubs locaux notables dont le Pelican, le San Jacinto Hall, l’Autocrat, le Southern Yacht Club et le New Orleans Country Club.

Comme nombre d’artistes de l’époque, il évolue sur le circuit de la TOBA (Theater Owners Booking Association), avec le groupe de la WPA (Work Progress Administration), des formations comme les Moonlight Serenaders, les Handy’s Louisiana Shakers, le Walter Pichon’s Big Band et Captain John Handy, ainsi qu’au sein de la revue Dashin’ Dinah d’Eddie Lemons. L’âge d’or de la TOBA (entre-deux-guerres) est aussi celui des chanteuses de vaudeville ou de blues classique, et Ferbos a l’occasion d’accompagner Mamie Smith quand il joue avec Pichon. Plus tard, il collaborera avec d’autres jazzmen dont Harold Dejan et Herb Leary, sans jamais chercher la notoriété et à diriger un orchestre ; c’est un musicien très accompli qui ne « vit » que par son instrument, qu’il pratique inlassablement chaque jour pour en tirer le meilleur.


© :  John McCusker, NOLA.com/The Times-Picayune

Néanmoins, à partir des années 1970, il apparaît bel et bien à la tête du Palm Court Jazz Band, groupe régulièrement programmé dans le Quartier Français et au New Orleans Jazz & Heritage Festival. D’ailleurs, Ferbos a participé à toutes les éditions du festival, de sa création en 1970 à 2013… Il a également réalisé quelques CD en fin de carrière. Parmi ceux-ci, on relève en 2005 « Trombone Shorty Meets Lionel Ferbos », soit la rencontre d’un jeune musicien de 19 ans et d’un autre de 94 ans. Sur la photo ci-dessus, on voit de gauche à droite Lionel Ferbos, Maria Muldaur, Bonnie Raitt, Mark Braud et Ani DiFranco lors d’un spectacle au New Orleans Jazz & Heritage Festival le 6 mai 2012, pour marquer le cinquantième anniversaire de la fondation du fameux Preservation Hall l’année précédente.
Daniel Léon