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Brèves / 01.12.2011

Lee Shot Williams, 1938-2011

Le chanteur s’est éteint le 24 novembre dernier à l’âge de 73 ans. Les raisons de sa mort ne sont pas connues, mais nous le savions en mauvaise santé et marqué physiquement depuis son hospitalisation en 2006. Lee Shot Williams appartenait à cette génération d’artistes nés dans le sud avant la Seconde Guerre mondiale et ayant éclos artistiquement dans le Chicago des années 1960. Auteur d’une discographie non négligeable, il continuait à enregistrer régulièrement ces quinze dernières années, très principalement sur Ecko, ce en développant un répertoire de chansons grivoises. Pourtant, et à l’instar de son collègue Chuck Roberson, cette image entretenue sur le tard ne correspond pas forcément au reste de sa carrière. Né le 21 mai 1938 à Lexington au Mississippi, Henry Lee Williams chante très jeune le gospel, mais est également sensibilisé au blues et au R&B en jouant dans le groupe de ses cousins Big Smokey Smothers et Little Smokey Smothers, tous deux originaires de la commune voisine de Tchula. Ces derniers émigrent à Chicago en 1956 et Lee Shot les rejoint deux ans plus tard, après avoir transité par Détroit. Il se confronte alors à la scène florissante du West Side, chantant ou jouant de la batterie aux côtés de Magic Sam et d’Otis Rush. C’est dans cette veine musicale qu’il enregistre son premier 45 tours, « Hello Baby », édité par Foxy en 1962, même si le véritable lancement de sa carrière discographique se fait l’année suivante sur Federal, où son titre de gloire demeure l’emblématique You’re welcome to the club, que Little Milton reprit ensuite pour le compte de Chess. Lee Shot apparaît alors comme un talentueux émule de Junior Parker et de Bobby Bland, sa bonhomie lui permettant de se singulariser par une identité artistique propre. Également auteur-compositeur, c’est grâce à Tighten up your game, co-écrit et enregistré en duo avec Joshie Jo Armstead (en face B de son 45 tours « Gamma » de 1968) qu’il a droit à un passage télévisé à l’émission The Beat! Très intégré à la scène R&B chicagoanne, Lee Shot se lie contractuellement avec son collègue Syl Johnson au profit de la marque de ce dernier, Shama. S’il laisse passer l’opportunité d’enregistrer Hard working woman, ainsi qu’Otis Clay nous le rapporta dans notre numéro 175, il livre en revanche son grand classique I like your style, produit dans les studios de Willie Mitchell à Memphis. Si les années 1970 ne furent pas toujours roses pour les soutiers du chitlin’ circuit, Lee Shot parvint à enregistrer régulièrement pour différentes marques dont tout de même United Artists et Jewel. En 1977, il enregistre son premier album, « Disco Country », édité par Roots, une filiale de TK. Ce 33-tours de bonne facture produit par Gene Barge et mêlant en réalité soul et country vaut la peine d’être recherché, ne serait-ce que pour son extraordinaire photo de pochette où l’artiste cultive un humour dont il ne se départait que rarement. Les années 1980 et le début de la décennie suivante sont en revanche un peu plus compliqués pour Williams qui est contraint un temps de s’autoproduire sur sa marque Tchula, et qui ne parvient pas à se fixer géographiquement entre Chicago et le sud. Il est néanmoins débauché par le manager de Lynn White pour ouvrir les concerts de la chanteuse alors en pleine expansion sur le chitlin’ circuit. Lee Shot avait déjà côtoyé la talentueuse Lynn chez Waylo mais aussi Chelsea. Désormais sous les couleurs de 4-Way, il enregistre en 1992 une nouvelle version de I like your style et propose en face B l’excellente ballade Love flight qui comporte un beau solo de sax soprano. Il va ensuite connaître une exposition inattendue auprès du public international du blues, et européen en particulier. En effet, à la faveur de sa participation à l’album de son cousin Little Smokey Smothers édité en 1994 par BlackMagic, il enregistre à son tour un CD sous son nom pour la marque néerlandaise alors très active. Le disque « Cold Shot », qui allie nouveau matériel et reprises, est salué par la critique. Il effectue alors des concerts sur le Vieux Continent, notamment au Bluesestafette d’Utrecht, mais aussi à Paris dans le club du Quai du blues. Soul Bag publie alors une interview de ce chanteur haut en couleur à l’occasion de ce passage parisien. Cette relance de carrière permet à Lee Shot d’être repéré par John Ward, patron d’Ecko Records, qui cherche alors à développer son catalogue d’artistes vétérans. De 1996 à 2006, le chanteur enregistre sept albums pour Ecko, destinés essentiellement au public sudiste. Il se tourne ensuite vers CDS pour deux ultimes CD dans la même veine. Ses prestations scéniques sont en revanche de plus en plus rares. Ses obsèques seront célébrées à Chicago le 5 décembre prochain.

NB