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Brèves / 01.03.2012

Joe Thompson, 1918-2012

Avec la mort de Joe Thompson le 20 février dernier à l’âge de 93 ans, la tradition nord-américaine des string bands, souvent associée à la côte est des États-Unis, a peut-être bien perdu son dernier pionnier. En effet, bien avant de retrouver récemment une relative lumière en tant que mentor des Carolina Chocolate Drops (ils ont signé un CD ensemble en 2009, « Joe Thompson and the Carolina Chocolate Drops »), Thompson a probablement appris une musique dont les racines nous ramènent au dernier tiers du XIXe siècle, certains avançant même des sources antérieures à la guerre de Sécession (1861-1865)… Comme la plupart de ses pairs de la même génération, Joe Thompson, né le 9 décembre 1918 à Orange County en Caroline du Nord, est issu d’une famille musicale. Il apprend le violon a cinq ans (ou peut-être à huit) auprès de son père John Arch, qui joue localement avec un oncle de Joe, Walter, qui est banjoïste. Avec ses origines à la fois africaines (les esclaves noirs) et européennes (les communautés rurales blanches descendant des colons), cette formule du duo influencera la folk music, les string bands, les jug bands et par extension les premiers groupes de blues. Thompson la développera d’ailleurs avec son frère Nate ou son cousin Odell, lors de soirées où le public composé de Noirs et de Blancs vient avant tout pour danser (square dances et house parties), mais leur réputation ne concernera guère que leurs proches et les initiés. Entre obligations militaires, travaux agricoles et refus de se tourner vers des styles plus modernes alors qu’il côtoyait des bluesmen dès les années 1930, Thompson n’enregistre pas et disparaît de la scène au moment de la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, en 1972, il est redécouvert par le folkloriste Christopher « Kip » Lornell, retrouve son cousin Odell et reprend sa carrière, participant à des festivals, apparaissant sur des compilations et faisant même l’objet en 2004 d’un documentaire d’Iris Thompson Chapman (The Life and Times of Joe Thompson). En 1999, cinq ans après la mort de son cousin, il avait également gravé « Family Tradition », un album qui incarne parfaitement cette tradition très old time. Joe Thompson ne cessera jamais de jouer, notamment dans son État natal où il a toujours vécu.

Daniel Léon