La première partie, dévolue à l’évocation du chanteur, trompettiste, amuseur néo-orléanais Louis Prima, était assurée par la formation “jump” des Primatics, à la mise en place impeccable, dont la composition actuelle réunit Gilles Berthenet (trompette), Francis Guero (trombone), Sylvain Roudier (saxophone ténor), Fabien Saussaye (piano), Stéphane Barral (basse) et Simon “Shuffle” Boyer (batterie), tous musiciens chevronnés et solistes fougueux. C’est au swingman-crooner David Costa Coelho (ex-Smoky Joe Combo) qu’échoit désormais le rôle de Louis Prima, et il s’en acquitte avec tout le dynamisme et la malice souhaitables, dans un répertoire qui égrène tous les grands tubes de Prima, de Just a gigolo à Sing sing sing, en passant par quelques exquises spécialités siciliennes : Buona sera, Angelina ou Felicia no capice…

Pour la seconde partie, consacrée au Genius, le chanteur et pianiste slovène Uroš “Perry” Perić était venu avec son trio vocal, les Pearlettes (Sandra Feketija, Suzana Labazan et Lea Likar), et ils étaient accompagnés par un quartet réunissant les talents internationaux de Drew Davies (GB – saxophone ténor), Dave Blenkhorn (Australie – guitare), Sébastien Girardot (Australie/France – basse), et Guillaume Nouaux (France – batterie). Uroš Perić, fasciné par Ray Charles depuis l’âge de 12 ans, sait l’incarner comme personne, tant dans la voix que dans le si complexe et subtil jeu de piano, et le public du théâtre André Malraux ne s’y est pas trompé qui lui a fait un triomphe. Démarrée, avant même que le rideau ne se lève, par le percutant instrumental Rock house, la prestation de “Perry” a reflété les différentes facettes musicales de Brother Ray – le soulman, le crooner, le jazzman – enchaînant classiques (Hallelujah I love her so, Georgia on my mind, Unchain my heart, Mess around, Hit the road Jack, What’d I say…) et quelques chansons moins connues (A tear fell, It had to be you…). Adaptés pour l’instrumentation du groupe, les arrangements laissèrent aussi une large place aux excellents Drew Davies et Dave Blenkhorn pour s’exprimer en solo, et même chacune des choristes eut l’opportunité de le faire sur Route 66 (lors du second rappel).

Joël Dufour

Uroš Perić, Dave Blenkhorn, Sébastien Girardot, Drew Davies © Jacques Merle