Blues Roots Festival Meyreuil 2024
02.10.2024
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9 novembre 2023.
Son apparition furtive, seul à la guitare, au printemps dernier en première partie de Thee Sacred Souls (Soul Bag y était) avait séduit, et la sortie de son album à la rentrée est venue confirmer son potentiel : non seulement le Café de la Danse est complet depuis plusieurs semaines, mais une longue et belle tournée d’une douzaine de dates (dont une Cigale) est déjà annoncée pour le printemps !
En ouverture, comme sur les autres dates de cette première petite tournée européenne, c’est la chanteuse britannique Olive Jones qui se présente, armée de sa guitare et d’une boîte à rythme ponctuelle. Si son registre entre soul et folk paraît au début un peu léger, surtout quand elle se fourvoie dans une version “feu de camp” de (Sittin’ on) The dock of the bay, la magie finit par opérer grâce à sa jolie voix et aux charmes de ses compositions comme All in my head. Un album solo est annoncé, il méritera au moins la curiosité.
La disposition de la scène pendant l’entracte avait suscité mon inquiétude, et celle-ci est confirmée dès l’entrée en scène de Jalen Ngonda après une courte pause : c’est accompagné de trois musiciens seulement, lui-même assurant l’ensemble des parties de guitare, qu’il se produit ce soir. Ni cordes, ni cuivres, ni même chœurs (aucun de ses musiciens ne chante) : impossible dans ces conditions de reproduire les arrangements sophistiqués de “Come Around And Love Me”, d’autant que le chanteur n’a visiblement (et sagement) pas souhaité faire appel aux bandes qui semblent envahir désormais les concerts…
Malgré ce handicap de départ, Ngonda ne tarde pas à remporter l’adhésion de toute la salle, d’abord grâce à la solidité des chansons, qui n’ont pas besoin des habillages de la production pour tenir debout, ensuite grâce à la force et à la puissance de son chant, à la hauteur de ses modèles – il salue d’ailleurs l’influence d’Eddie Kendricks (sans le citer cependant) avec une belle version de Day by day, un titre extrait de l’album “People… Hold On”. Il faut dire qu’il est accompagné pour l’occasion, en plus d’un batteur non identifié, par Mike Buckley (aux claviers) et Vince Chiarito (à la basse), ses deux collaborateurs principaux pour l’album.
Sans surprise, c’est le répertoire du disque qui constitue le cœur du show : de Rapture en ouverture à Come around and love me, l’intégralité des chansons sont interprétées dans des versions resserrées – pas de possibilité de fioritures dans un tel format – et particulièrement intenses, qui enchantent des spectateurs visiblement très familiers du disque et que l’attitude un peu en retrait de Ngonda, qui semble plus se voir comme le leader du groupe que comme la star de la soirée, ne semble pas déranger. Quelques chansons plus anciennes, comme Don’t you remember qu’il avait enregistrée dès 2018 pour une vidéo dans la série COLORS, s’ajoutent au programme sans rupture de ton.
Après le final théorique de Come around and love me, Ngonda ne tarde pas à revenir pour un rappel qu’il commence seul à la guitare avec I need you, sans doute la plus connue de ses chansons préalables à la sortie de l’album, et une jolie version de My dearest darling, la composition d’Eddie Bo popularisée par Etta James, avant d’être rejoint par ses musiciens pour So glad I found you et un If you don’t want my love visiblement très attendu et qui vient couronner une prestation sans faiblesse, qui donne envie d’en entendre plus.
Texte : Frédéric Adrian
Photos © Frédéric Ragot