Hommages aux artistes et personnalités disparus ces derniers mois.

Maceo Woods (1932-2020)
Avec le décès de Maceo Woods, c’est un des rares liens avec la scène gospel de Chicago des années 1950 qui s’éteint. Organiste et chef de chœur, mais aussi pasteur de sa propre église – la Christian Tabernacle Church, sur Prairie Avenue –, organisateur d’événements gospel (le Gospel Music Festival de Chicago notamment) et animateur de télévision et de radio, c’est tout d’abord comme organiste qu’il se fait remarquer, décrochant un grand succès avec sa version d’Amazing grace au milieu des années 1950 et accompagnant différents artistes comme les Staple Singers et les Highway QC’s, bien souvent dans les studios de Vee-Jay.

C’est quand Volt reprend en licence le Hello sunshine qu’il avait enregistré avec son Christian Tabernacle Baptist Church Choir, initialement publié localement sur le label Righteous, que sa carrière décolle réellement. Le succès de la chanson, qui se classe au 28e rang des charts R&B de Billboard, et de l’album qui l’accompagne lui permet d’enregistrer une série de disques pour Volt puis Gospel Truth, deux sous-labels de Stax, puis pour Savoy jusqu’au milieu des années 1980. Ses funérailles, dans l’église qu’il a fondée, ont attiré des centaines de fidèles et de personnalités, et des messages de l’ancien président Barack Obama ainsi que du président actuel y ont été lu, soulignant l’importance de la place occupée par Woods dans la communauté religieuse de Chicago.

Jimmy Heath (1926-2020)
Saxophoniste, arrangeur et compositeur, Jimmy Heath a mené une carrière dans le jazz sous l’influence de Charlie Parker, au point d’être surnommé Little Bird. Complice régulier de Milt Jackson, il joue aussi avec Miles Davis et Nancy Wilson, entre autres. Plusieurs de ses compositions ont été reprises par Ray Charles sur ses albums jazz des années 1970, et il était le père du musicien et producteur R&B James Mtume. 

Bettye Berger (1930-2019)
Disc-jockey (sur WHER, une radio intégralement féminine appartenant à Sam Phillips), patronne de club (le Plantation Inn) et de label (l’éphémère Bet T. Records, pour lequel enregistrent les Del Rios de William Bell), manageuse (Ivory Joe Hunter, dont elle produit même un album) et responsable d’agence de booking (William Bell, les Bar Kays, Al Green…) et même fiancée ponctuelle d’Elvis, Bettye Berger a marqué de son empreinte la scène musicale de Memphis, des années 1950 à son départ pour Nashville à la fin des années 1970. 

Jerry Anderson (19??-2020)
Jerry Anderson avait été le guitariste du groupe Mystic Merlin (trois albums Capitol au début des années 1980), dont le chanteur était Freddie Jackson. 

James McClain (19??-2020)
Bien qu’il n’ait que peu enregistré – deux albums sur Checker et Jewel, pour l’essentiel –, le guitariste James McClain était, avec les Willing Four qu’il avait rejoint en tant que guitariste au milieu des années 1950, une figure majeure de la scène gospel de Chicago.

Textes : Frédéric Adrian
Photo : Maceo Woods, Chicago, 2007. © Brigitte Charvolin