Hommages aux artistes et personnalités disparus ces derniers mois. 

Ginger Baker (1939-2019)
Inspiré par les grands batteurs du jazz et les polyrythmies africaines, Peter Edward “Ginger” Baker se fait tout d’abord remarquer sur la scène du blues boom londonien, au sein du Blues Incorporated d’Alexis Korner et de l’Organisation de l’organiste Graham Bond, avant d’accéder à la célébrité au sein du trio d’égaux et d’ego Cream. Après l’explosion en vol du trio et l’expérience éphémère de Blind Faith, il se consacre à différents projets, entre rock, jazz et afrobeat – installé au Nigéria, il enregistre notamment avec Fela –, sans jamais retrouver le chemin du grand public, d’autant que son caractère exécrable le conduit à couper les ponts avec la plupart de ses contemporains. Un documentaire de 2012, Beware of Mr. Baker, relance l’intérêt pour sa carrière et lui permet d’enregistrer à nouveau après plusieurs années dans l’obscurité, et même de se produire à Paris en 2015.

Nick Tosches (1949-2019)
Journaliste et romancier, Nick Tosches s’était fait remarquer pour son style incendiaire, bien à l’écart des critères et habitudes du journalisme musical, dans les colonnes notamment du magazine rock Creem. Parmi ses ouvrages figurent notamment des biographies de Jerry Lee Lewis (Hellfire), Dean Martin (Dino : la belle vie dans la sale industrie du rêve), Sonny Liston (Night train) et Emmett Miller (Blackface) ainsi que des recueils thématiques (Country : les racines tordues du rock’n’roll et Héros oubliés du rock’n’roll : les années sauvages du rock avant Elvis), tous traduits en français aux éditions Allia, dans lesquels l’érudition se combine à un souffle épique qui dépasse parfois ses sujets.

Diahann Carroll (1935-2019)
Actrice de télévision et de cinéma vue aussi bien chez Otto Preminger que dans Dynastie, considérée comme une pionnière dans la place des artistes afro-américains à l’écran, Diahann Carroll avait aussi menée une carrière de chanteuse, souvent dans un registre entre le jazz et le cabaret, avec une douzaine d’albums à son actif, dont un disque paru chez Motown. Parmi ses apparitions marquantes au cinéma figure le rôle-titre du film de John Berry Claudine, dont la musique était signée par Curtis Mayfield. 

Molly Duncan (1945-2019)
Membre fondateur de l’Average White Band, le saxophoniste écossais avait contribué aux principaux enregistrements du groupe – son solo sur Pick up the pieces est un classique – et participé à de nombreuses séances en studio, de Bryan Ferry à Buddy Guy.

George Chambers (1931-2019)
Plus âgé de la fratrie et surnommé “Pops”, George Chambers était le bassiste des Chambers Brothers et avait participé à leurs principaux enregistrements, de l’époque folk à l’improbable tube Time has come today. À la fin du groupe, il s’était reconverti dans le gospel, tout en participant à des reformations occasionnelles.

Henry “Gip” Gipson (19??-2019)
Musicien, propriétaire et animateur du Gip’s Place, un juke-joint historique situé à Bessemer dans l’Alabama, Gipson, qui ne semble pas avoir enregistré, est décédé à l’âge de 99 ans.

Textes : Frédéric Adrian
Photo : Ginger Baker, New Morning, Paris, 2015. © Fouadoulicious