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Hommages / 27.04.2020

Ils nous quittent : Big Al Carson, Dean Gant, Barney Ales, Eddie Cooley, James Williams Sr…

Hommages aux artistes et personnalités disparus récemment. 

Big Al Carson (1953-2020)
Ceux qui ont eu la chance d’arpenter Bourbon Street n’ont sans doute pas pu échapper à la silhouette massive et à la voix puissante de Alton “Big Al” Carson, qui y a chanté le blues (au sens large) de façon quasiment ininterrompue – sinon par quelques problèmes de santé – les 25 dernières années, bien souvent sur la minuscule scène du Funky Pirate.
S’il fait ses débuts en tant que tromboniste dans différents brass bands – chez “Doc” Paulin, avec le Tuxedo Jazz Band, l’Olympia Brass Band, l’Eureka Brass Band, c’est son chant spectaculaire, sur un répertoire de standards pas toujours très originaux, qui lui permet de surplomber, avec ses Blues Masters, les bruits des touristes qui constituaient sa clientèle principale, faisant de lui une institution de la scène de La Nouvelle-Orléans. Malgré sa popularité locale, il n’a que peu – et assez mal – enregistré, même si son Take your drunken ass home est devenu un petit classique des fins de soirées…
Photo : New Orleans, 5 mai 2000. © Jacques Périn

Dean Gant (19??-2020)
Originaire de Chicago, Gant s’impose, avec ses claviers (notamment les synthétiseurs), dans les studios à partir de la fin des années 1980, souvent pour des séances R&B (Bill Withers, Jerry Butler, Keni Burke, Linda Clifford, Marlena Shaw, les O’Jays, les Temptations, Bobby Womack, Anita Baker, Peabo Bryson…) mais aussi du côté jazz (Gabor Szabo, Ahmad Jamal, Ramsay Lewis), voire pop (le premier album de Madonna !). Il développe en parallèle une activité d’écriture et de production, qui le voit collaborer notamment avec Keni Burke et Peabo Bryson. Il avait publié en 2011 un album personnel autoproduit, sous le nom de Sir Gant & The InVisible Force, et tournait ces dernières années avec le Earth, Wind & Fire experience d’Al McKay, habitué des scènes françaises.

Barney Ales (1934-2020)
Figure légendaire de l’industrie musicale, spécialisé notamment dans la promotion, Barney Ales fait ses débuts dans le métier au milieu des années 1950 dans le bureau de Détroit – sa ville natale – de Capitol puis chez Warner Bros. C’est cependant quand il rejoint Motown en 1960 que sa carrière décolle régulièrement : aux côtés de Berry Gordy, il accompagne la croissance irrésistible de la compagnie, dont il devient vice-président à la fin des années 1960. En plus de son travail administratif, Ales s’essaye aussi à la production et à l’écriture dans les premières années de Motown, écrivant notamment pour les Supremes et pour le duo Marvin Gaye-Mary Wells.
Lorsque Motown déménage en Californie, il reste à Détroit et lance son propre label, Prodigal, avant de retrouver Motown dont il devient Président de 1975 à 1979. Il poursuit ensuite son parcours chez Rocket Records, Penthouse Records et Pablo Records, avant de prendre une retraite active, au cours de laquelle il contribue notamment à l’ouvrage d’Adam White, Motown – The Sound of Young America

Elbert “Woody” Woodson (1940-2020)
Originaire de Washington, le batteur Woody Woodson a accompagné sur scène et, plus rarement, sur disque de nombreux artistes soul pendant cinq décennies, parmi lesquels les Isley Brothers (It’s your thing), Otis Redding (l’album live au Whisky A Go Go), Wilson Pickett, Marvin Gaye, Jackie Wilson… 

Eddie Cooley (1933-2020)
Chanteur principal du groupe vocal Eddie Cooley And The Dimples, auteur au milieu des années 1950 du petit tube Priscilla, Eddie Cooley, originaire d’Atlanta mais longtemps basé à New York, ne serait resté qu’une note de bas de page de l’histoire du R&B s’il n’avait approché un jour de 1955 l’auteur-compositeur Otis Blackwell avec un début de chanson qu’il avait écrit baptisé Fever. Enregistré par Little Willie John puis Peggy Lee, le morceau devient un des plus grands classiques du vingtième siècle, tous genres confondus, et ses reprises ne se comptent plus. 

James Williams Sr (19?? -2020)
Originaire du Mississippi mais basé en Louisiane, James Williams Sr avait fondé en 1965 les Electrifying Crown Seekers, quartet phare de la scène gospel locale, dont il était le guitariste – dans un registre inspiré par Jimmy Reed – et le chanteur. Bien que l’ensemble n’ait que peu enregistré et uniquement pour des labels locaux, il était une présence régulière dans la tente gospel du New Orleans Jazz & Heritage Festival.

Robin Seymour (1926-2020)
Disc-jockey très influent sur les ondes de Détroit, sa ville natale, et animateur des émissions de télévision Teen Town et Swingin’ Time, il joue un rôle majeur dans la popularisation auprès du grand public blanc du rhythm and blues et de la soul, et notamment des productions locales issues de chez Motown. 

Dwight Miller (1949-2020)
Originaire de La Nouvelle-Orléans, le saxophoniste fait ses débuts dans le brass band de Doc Paulin avant de monter son propre ensemble, le Pinstripe Brass Band, à la fin des années 1970. Celui-ci se produit régulièrement à La Nouvelle-Orléans et en tournée, et enregistre quelques albums pour des labels locaux. 

Tony May (1937-2020)
Basé à New York, cet ingénieur du son pour différents studios locaux (A&R Studios, Allegro Sound Studios, BMG Studios…) a participé à de nombreux enregistrements dans tous les styles, du jazz (Chick Corea, Keith Jarrett…) à la pop, en passant par la soul : il est notamment aux manettes pour des albums des Isley Brothers, Brook Benton, Roy Ayers, Lloyd Price, Ashord & Simpson… Beau-frère du producteur Larry Banks, il écrit et produit quelques titres pour celui-ci et pour son ex-épouse Bessie Banks (le classique deep soul It sounds like my baby), ainsi que pour Little Anthony & The Imperials, Timi Yuro, Willie Kendrick, les Royalettes… 

Bobby McDougle (1944-2020)
Originaire de Valdosta en Géorgie, McDougle se fait remarquer très jeune en tant que guitariste sur la scène gospel locale. À peine adolescent, il rejoint, toujours à la guitare, Tommy Ellison and the Five Singing Stars puis successivement les groupes de Madame Edna Gallmon Cooke et de Julius Cheeks. Embauché à la fin des années 1960 par les Pilgrim Jubilees, il leur restera fidèle pendant plus de cinq décennies, apparaissant sur différents albums du groupe pour Peacock et Malaco. 

Troy Sneed (1967-2020)
Originaire de Floride, c’est dans le milieu du gospel que Troy Sneed, chanteur et producteur, a accompli la plus grande partie de sa carrière. Découvert par le chef de chœur Milton Biggham, il rejoint le Georgia Mass Choir, avec qui il enregistre pour Savoy et participe à la bande originale du film La Femme du Pasteur avec Whitney Houston. En 1998, il crée Youth For Christ, une chorale adolescente issue du Georgia Mass Choir, et dont le premier album, paru en 1999, est nommé pour un Grammy. Cette même année, il lance sa carrière personnelle, avec sept albums parus sur Malaco, Savoy puis son propre label Emtro, qui lui permettent de décrocher plusieurs succès dans le classement gospel de Billboard

Textes : Frédéric Adrian

Barney AlesBig Al CarsonDean GantEddie CooleyFrédéric AdrianJames Williams Sr