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Brèves / 01.02.2019

Green Book

Green Book : Sur les routes du sudest un bon film, un “feel good movie” reconstituant un épisode véridique de la vie du sophistiqué et génial pianiste classique à la peau noire Donald Shirley, joué par Mahershala Ali, qui se lança dans la folle idée d'une tournée dans le sud des États-Unis, en 1962, alors qu'y régnait toujours la ségrégation raciale. Pour l’accompagner, Tony Lip, un fort utile chauffeur-garde du corps-nounou, prolo blanc du Bronx d'origine italienne (interprété par Viggo Mortensen). Une situation originale donnant lieu à des scènes parfois dramatiques mais aussi cocasses. Les deux hommes que, culturellement, tout sépare, l’un pédant et suffisant, l’autre débonnaire et beauf, apprendront à s’apprécier et s’enrichiront mutuellement au fil du voyage. Ainsi, meublant les longues séquences automobiles, la radio de bord, branchée sur les stations noires, doo-wop et R&B que Lip semble mieux connaître que son employeur lequel lui avoue avoir entendu parler de Little Richard sans jamais avoir écouté sa musique !  

Green Bookest nommé aux prochains Oscars notamment dans la catégorie “comédie musicale”, grâce à une excellente bande-son choisie et crée par le compositeur et pianiste de jazz Kristopher Bowers, comprenant une cinquantaine de titres mêlant aussi bien enregistrements “vintage” de Sonny Boy Williamson, Aretha Franklin ou Professor Longhair que des pièces de Debussy, Chopin ou Eric Satie jouées par Shirley en concert. Un épisode marquant : le dernier soir de la tournée, outré que le très chic établissement où il doit se produire lui refuse l’accès de son restaurant, le pianiste annule le concert et se rend à la place dans un miteux mais chaleureux honky tonk, où se mêlant à l'orchestre maison il interprète un étincelant boogie à la Amos Milburn (démentant au passage sa supposée méconnaissance de musiques populaires noires). Un road movie original traitant avec sensibilité et intelligence (malgré quelques grosses ficelles hollywoodiennes) de la difficile coexistence “raciale” aux USA.

Jean-Pierre Bruneau