;
Chroniques / 26.10.2018

Eric Bibb, “Global Griot”

Peu de blues sur ce double CD, voyage d’un griot du monde (global griot) vers les racines africaines. Ou, comme l’explique Eric d’entrée (Gathering of the tribes), un ensemble de rencontres, un rassemblement de tribus. Des tribus anglo-saxonnes (Glen Scott, Harrison Kennedy, Michael Jerome Browne…), du nord et notamment de Suède, son pays d’adoption (dont le guitariste Staffan Astner) et d’Afrique (Habib Koité, Solo Sissokho…), pour ne citer que les “habitués”… Il parle d’amitié et d’union des peuples (Human riverRemember familyRace and equalityAll because), de monde meilleur et de foi (Send me your JesusLet GodLast night I had the strangest dreamNeeded time) et d’amour (A room for youGrateful), souvent sous forme de ballades soignées.

C’est richement produit, avec une alchimie réussie entre instruments “standard” (guitares, harmonicas…) et africains : aux côtés des koras de Koité et Sissokho qui s’enflamment souvent, percussions, banjo gourde, balafon et donso n’goni apportent des touches originales. Et les textes font la différence, les plus avisés correspondant d’ailleurs aux meilleurs titres : l’amusant Wherza money et sa guitare distordue, What’s he gonna say today et son humour grinçant pour dégommer Trump, le sombre Brazos river blues sur les ravages de l’ouragan Harvey en 2017 au Texas, Black, brown & white sur le racisme avec Harrison Kennedy vocalement énorme, l’ironie désabusée de la ballade reggae Mole in the ground avec Ken Boothe au chant… Sans oublier Michael, row da boat ashore, spiritual de… 1867 !

Très différent de “Migration Blues”, “Global Griot” en est toutefois le prolongement. Il révèle progressivement ses nuances, et pour pleinement l’apprécier, il faut s’attarder sur les paroles et donc bien comprendre l’anglais.

Daniel Léon

Note : ★★★★
Label : (2 CD) Dixiefrog DFGCD 8810 / bluesweb.com
Sortie : 26 octobre 2018

albumblueschroniqueDaniel LéonDixiefrogEric BibbGlobal Griotreview