;
Brèves / 16.01.2018

Edwin Hawkins (1943-2018)

À l’origine, c’est une simple chanson, adaptée d’un hymne dont les origines remontent au milieu du XVIIIe siècle, placée en ouverture de l’album publié par le Northern California State Youth Choir sur le label californien Century, spécialisé dans les disques d’ensembles scolaires ou universitaires. Mais ce nouvel arrangement de Oh happy day, porté par la voix de Dorothy Morrison, changera la face du gospel et lancera la carrière de son auteur, le directeur du chœur Edwin Hawkins. 

Hawkins est déjà un vétéran de la scène gospel, par le biais d’une chorale familiale, quand il lance avec la chanteuse Betty Watson le Northern California State Youth Choir of the Church of God in Christ, qui compte une cinquantaine de membres et dont il devient le directeur musical. Pour capitaliser sur une certaine popularité locale, le chœur décide d’autoproduire un album, enregistré à l’Ephesian Church of God in Christ de Berkeley et intitulé “Let Us Go Into the House of the Lord”.

 

 

 

Plutôt destiné à l’origine aux fidèles de l’église et aux proches du groupe, le disque suscite un intérêt inattendu quand quelques animateurs radios décident de diffuser Oh happy day sur les ondes généralistes, au point qu’un label majeur, Buddah, décide de le publier en 45-tours, rebaptisant l’ensemble The Edwin Hawkins Singers. Le succès est colossal et la chanson devient un tube immense dans le monde entier, atteignant la quatrième place du Hot 100 de Billboard et la deuxième du classement britannique et décrochant un Grammy. Même la France n’y échappe pas : Oh happy day atteint en juin le sommet du hit-parade officiel et y reste sept semaines, précédé à cette place par Le métèque de George Moustaki et remplacé par Les Champs-Elysées de Joe Dassin ! D’une façon générale, la chanson est considérée comme l’origine de la scène gospel contemporaine. 

 

 


Edwin Hawkins, Albertina Walker, Chicago, 2010 © Brigitte Charvolin

 

Si le succès se prolonge quelques temps, grâce au tube Lay down (Candles in the Rain), partagé avec la chanteuse pop Melanie et à un nouveau Grammy pour Every man wants to be free, la réussite grand public n’a qu’un temps. C’est ensuite strictement sur le circuit gospel que se poursuit la carrière d’Hawkins, en solo ou sous le nom des Edwin Hawkins Singers, mais aussi aux côtés de membres de sa famille comme son frère Walter et sa belle-sœur Tramaine, tous deux anciens membres de Edwin Hawkins Singers qui deviennent à partir des années 1980 des figures majeures de la scène gospel contemporaine. Parmi ces différents disques parus pour l’essentiel sur Buddah et Birthright, deux lui permettront, en 1978 et 1993, de décrocher de nouveaux Grammys. En retrait depuis plusieurs années et atteint d’un cancer du pancréas, il était néanmoins encore monté sur scène, au mois de décembre, à l’occasion de quelques concerts de Noël en compagnie de CeCe Winans.

 


Chicago, 2010 © Brigitte Charvolin

 

Bien qu’il ne l’ait pas écrite, Oh happy day reste “sa” chanson, qui lui survit dans quelques centaines de versions plus ou moins estimables et continue à incarner pour beaucoup l’idée même du gospel.
Frédéric Adrian

 


Chicago, 2010 © Brigitte Charvolin