;
Brèves / 15.03.2012

Eddie King rejoint Koko Taylor

Les bluesmen nés dans les années 1930, originaires du sud des États-Unis et bien souvent installés à Chicago, voient leurs rangs s’éclaircir de jour en jour. Un amer constat confirmé par la disparition ce 13 mars 2012 du chanteur et guitariste Eddie King à l’âge de 73 ans. Né Edward Lewis Davis Milton le 21 avril 1938 à Talladega (Alabama), il est d’emblée sous l’influence musicale de ses parents, sa mère étant chanteuse de gospel alors que son père joue de la guitare dans un style rural proche de John Lee Hooker. Et quand il s’installe à Chicago en 1954 avec un oncle (sa mère est morte en 1950), il s’inspire plutôt des artistes du South Side. Mais peu à peu, Eddie s’intègre à la communauté des bluesmen de la génération suivante, apprenant donc un blues plus moderne auprès de Luther Allison, Magic Sam, Junior Wells, Eddie C. Campbell, Buddy Guy et autre Freddie King. À la fin des années 1950, il apparaît avec le pianiste Detroit Junior au sein de la formation de l’harmoniciste Little Mack Simmons, enregistre quelques faces pour Willie Dixon puis comme accompagnateur avec Sonny Boy Williamson en 1960. Empruntant désormais également à B. B. King, son jeu de guitare déjà expressif s’affirme et devient très abouti. En 1969, il forme Eddie King and the Kingsmen avec le bassiste Bob Stroger, puis il est engagé par Koko Taylor, avec laquelle il reste durant les deux décennies suivantes. La grande chanteuse ayant réalisé la plupart de ses meilleurs disques dans les années 1970 et 1980, cela donne une idée de l’importance de la contribution d’Eddie King… Ensuite basé à Peoria, à 250 km au sud-est de Chicago, il entame une carrière discographique en solo qui sera peu prolifique, avec tout d’abord « The Blues Has Got Me » en 1987 pour le label Black Magic. Mais le CD suivant, « Another Cow’s Dead », sorti en 1997, remporte un Blues Music Award mérité. Car il s’agit d’une vraie perle, sans doute de l’un des meilleurs albums de son époque, qui met en scène un Eddie King en pleine possession de ses moyens, brillant au chant et à la guitare, en outre compositeur avisé à l’humour décapant. Ceux qui le verront ensuite en tournée en France ne nous démentiront pas… Mais plus près de nous, bien qu’il ait toujours sa formation (les Swamp Bees), King semble connaître des problèmes de santé qui le diminuent et se traduisent par une triste fin de carrière. D’ailleurs, en annonçant hier sa mort, Bruce Iglauer, le boss d’Alligator, expliquait pudiquement que « sa santé déclinait depuis longtemps… »

Daniel Léon