;
Hommages / 28.08.2019

Donnie Fritts, 1942-2019

Né à Florence, dans l’Alabama, là où s’inventera quelques décennies plus tard la soul sudiste avant son mélange de soul et de country, Donald R. Fritts n’a cessé tout au long de sa carrière de circuler, indifférent aux frontières officielles, entre ces deux pôles musicaux. Elevé dans une famille musicale, il fait ses débuts comme batteur au sein de différents groupes locaux à peine adolescent, avant de se convertir aux claviers. 

C’est cependant comme auteur-compositeur qu’il se fait remarquer, d’abord avec Sorry I’m late Lisa, enregistrée par le chanteur pop Tommy Roe, puis au sein de la galaxie de créateurs – Dan Penn, Arthur Alexander, plus tard Eddie Hinton – qui gravite autour de Muscle Shoals, tout en gravitant aussi dès le milieu des années 1960 vers la très active scène de Nashville. Pendant la décennie 1960, ses chansons sont enregistrées, entre autres, par Percy Sledge (le sublime Rainbow road), Charlie Rich, les Box Tops, Barbara Lynn, Joe Simon, Dusty Springfield (le tube Breakfast in bed), Sam & Dave… 

Il quitte ensuite l’Alabama pour Nashville. Tout en continuant à écrire pour d’autres (Tony Joe White, Waylon Jennings – le multi-repris We had it all –, Bobby Bland…), il noue une relation privilégiée avec le chanteur country Kris Kristofferson, qu’il accompagne sur disque comme sur scène pendant plusieurs décennies et qui enregistre plusieurs de ses compositions. Il se lance également dans une carrière d’acteur de cinéma qui lui permet d’apparaitre, souvent aux côtés de Kristofferson, dans des films comme Pat Garrett et Billy le Kid, Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia ou la version de 1976 d’Une étoile est née

Visiblement satisfait de son rôle d’arrière-plan, sa carrière solo est plus que ponctuelle : un album Atlantic enregistré à Muscle Shoals au milieu des années 1970, un deuxième à la fin des années 1990 produit par Jon Tiven, un troisième produit par Dan Penn dix ans plus tard et c’est à peu près tout jusqu’à la fin des années 2010 où il publie, malgré des problèmes de santé de plus en plus prégnants, deux albums sur le label indépendant Single Lock, basé à Florence, où il était venu se réinstaller. C’est cependant en tant qu’auteur-compositeur qu’il restera dans les mémoires, grâce à ses chansons immortalisées par Ray Charles, Tina Turner, les Rolling Stones et bien d’autres… Choo choo train, coécrite par Eddie Hinton et enregistrée par les Box Tops, apparaît d’ailleurs dans le film de Tarantino Once Upon a Time… in Hollywood, actuellement en salles. 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Allister Ann

Donnie FrittsFrédéric AdrianMuscle Shoalssongwriter