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Brèves / 26.08.2011

Décès de Nick Ashford

Cruelle ironie du sort, incroyable coïncidence ! Le 22 août 2011 (nous le relations ici hier), Jerry Leiber, qui formait un remarquable duo de compositeurs avec Mike Stoller, quittait ce monde. Eh bien ce même 22 août, Nick Ashford est également mort, suite à un cancer de la gorge… Ce décès met un terme définitif à la carrière de l’un des plus grands duos des musiques populaires afro-américaines, celui qu’il formait depuis le milieu des années 1970, à la scène comme à la ville, avec Valerie Simpson.

Né à Fairfield, en Caroline du Sud, le 4 mai 1941, Nickolas Ashford rencontre en 1963 Valerie Simpson. S’ils engagent dès cette époque tous deux une carrière d’interprète, ensemble et séparément, c’est comme auteurs-compositeurs qu’ils se font tout d’abord remarquer, écrivant notamment (souvent en compagnie de Joshie Joe Armstead) pour Aretha Franklin (Cry like a baby), les 5th Dimensions (California soul, plus tard repris par Marlena Shaw) et Maxine Brown (One step at a time)… Le succès de Let’s go get stoned, enregistré par Ray Charles, leur vaut de signer en 1966 un contrat avec Motown.

Ils travaillent avec de nombreux artistes du label de Berry Gordy, de Gladys Knight aux Supremes, en passant par les Marvelettes et les Dynamic Superiors, mais de c’est de leur association avec Marvin Gaye et Tammi Terrell que sortiront les plus grandes réussites : le duo écrit et/ou produit la très grande majorité des enregistrements du duo, y compris les chefs d’œuvre que sont Ain’t no mountain high enough, You’re all I need to get by et Ain’t nothing like the real thing. Au début des années 1970, c’est également eux qui signent la quasi-totalité du répertoire (Reach out and touch) et de la production des premiers disques solos de Diana Ross. Ils quittent néanmoins le label lorsque celui-ci refuse de les laisser publier un album en duo et rejoignent Warner Brothers, pour qui ils enregistrent l’album “Gimme Something Real”, paru en 1973. Entre cette date et 1989, pour Warner puis Capitol, le duo enregistre quatorze albums, décrochant différents tubes dans les classements R&B (et occasionnellement pop) tels que Is it still good to you, Don’t cost you nothing et Solid.

Parallèlement à cette prolifique carrière d’interprète, le duo – marié depuis 1974 – continue pendant toute cette période à écrire et produire pour d’autres artistes tels que Diana Ross, Gladys Knight & the Pips, Chaka Khan et les Brothers Johnson, ainsi que pour la bande originale du film The Wiz avec Diana Ross et Michael Jackson. Parmi leurs grands tubes de l’époque figure l’hymne féministe I’m every woman, popularisé par Chaka Khan puis Whitney Houston, dont les paroles sont dues à la plume de Nick Ashford, auteur de la majorité des textes des morceaux cosignés par le duo !

S’ils continuent à enregistrer (un album studio avec la poétesse Maya Angelou en 1996, un album en public en 2009) et à se produire occasionnellement, y compris en Angleterre, Ashford et Simpson réduisent fortement leur activité durant les deux dernières décennies, préférant consacrer du temps à s’occuper de leur restaurant-club new-yorkais, au sein duquel ils animent notamment une scène ouverte très populaire.
Frédéric Adrian