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Brèves / 30.10.2013

Coen, Van Ronk, Bloomfield, quelle affiche !

Selon un parallèle historique aujourd’hui bien établi, et bien qu’il soit apparu au cours de la décennie précédente, le blues blanc a véritablement et presque simultanément « explosé » au Royaume-Uni et aux États-Unis dans les années 1960. On ne s’arrêtera pas ici sur son évolution ni sur le rôle indiscutable qu’il a joué dans la propagation du blues, mais de nombreux artistes représentatifs de cette époque s’inscrivent aujourd’hui dans la mémoire collective, en particulier outre-Atlantique. Et ça tombe bien, car deux rééditions portent justement sur deux Américains qui évoluaient dans des registres certes éloignés, mais avec un talent et un instinct personnels qu’il faut relever.

– Le premier est profondément ancré dans la tradition du folk blues. Il s’agit de Dave Van Ronk (1936-2002). Tout part du dernier film des frères Coen, Inside Llewyn Davis, qui a quand même remporté le grand prix du jury au dernier festival de Cannes, qui sortira début novembre 2013 et qui racontera l’histoire d’un chanteur et compositeur de la scène folk new-yorkaise des années 1960. Or, Van Ronk était justement new-yorkais… Les Coen ne cachent d’ailleurs pas s’être inspirés de l’artiste, dont quatre chansons sont interprétées dans le film, et de ses mémoires publiées en 2005 à titre posthume et intitulées The Mayor of MacDougal Street. Dès lors, les événements se précipitent. Elijah Wald, qui a collaboré à son livre The Mayor of MacDougal Street, nous apprend qu’il vient d’être réédité le 15 octobre par Da Capo, et annonce des versions en français, allemand, italien et japonais ! En outre, hier 29 novembre, Smithsonian/Folkways a sorti « Down In Washington Square », un triple CD comprenant d’anciens morceaux, des inédits live des années 1950 aux années 1990 et ses derniers enregistrements. Et d’autres opérations sont attendues dans la région de New York, dont un  livre et un coffret sur le Caffe Lena de Saratoga Springs (un club folk célèbre dans lequel a joué Van Ronk), enfin une exposition prévue au Museum de la Big Apple. Mais pour tout savoir, le mieux consiste à se rendre sur la page du site d’Elijah Wald consacrée à Dave Van Ronk et au film des Coen, mais attention, vous aurez ensuite du mal à en sortir !

– Le deuxième artiste concerné est également chanteur et guitariste, mais il est davantage influencé par le blues moderne électrique. Ce n’est autre que Mike Bloomfield (1943-1981), qui fait l’objet d’une anthologie à paraître le 4 février 2014 sous la forme d’un coffret composé de trois CD et d’un DVD, et intitulée « From His Head To His Heart To His Hands » (Sony/Legacy). Comme (presque) toujours, la sélection contient son lot d’inédits, avec ici les premières démos enregistrées par Bloomfield pour John Hammond, Sr. en 1964, des prises alternées (avec Bob Dylan, l’Electric Flag et le Paul Buttefield Blues Band) et des morceaux live dont l’un tiré de son dernier concert en 1980, aux côtés de Dylan. Au trois CD (produits par un certain Al Kooper…) s’ajoute donc un film en DVD réalisé par Bob Sarles, Sweet Blues: A Film About Michael Bloomfield, là encore avec des raretés.
Daniel Léon