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Brèves / 10.12.2013

Chick Willis, 1934-2013

 

Le chanteur et guitariste de blues Chick Willis est mort le 7 décembre 2013 des suites d’un cancer du poumon à l’âge de 79 ans. Robert « Chick » Willis voit le jour le 24 septembre 1934 à Cabiness en Géorgie. Il est le cousin de Chuck Willis (1928-1958), ce qui ne manquera pas de générer des confusions entre les deux artistes… Chick, qui grandit à Atlanta et apprend d’abord à chanter, commence à tourner avec son cousin au début des années 1950, et il se mettra sans doute ensuite à jouer de la guitare en suivant Chuck lors de ses déplacements. Après son service militaire, il revient d’ailleurs auprès de son cousin (qui s’exprime dans une veine R&B et même rocking blues) : s’il lui sert d’assistant et de chauffeur, il joue et chante également au sein de sa formation lors de tournées.


Lisieux, 1995. © : Christian Mariette

Suffisamment confiant en ses moyens, il participe à un concours amateur qu’il remporte, ce qui lui permet d’enregistrer un single en 1956, You’re mine. La mort de Chuck en 1958 intervient bien sûr comme un coup d’arrêt pour Chick, qui n’a d’autre choix que d’apprendre à voler de ses propres ailes. Il se retrouve donc à Chicago où il devient sideman d’Elmore James avant d’enregistrer au début des années 1960 une poignée de singles, sans grand succès. Il lui faudra en fait encore patienter une dizaine d’années, jusqu’en 1972 précisément : il enregistre alors son premier album pour un label obscur (La Val), « Stoop Down Baby…Let Your Daddy See », qui contient la chanson quelque peu salace Stoop down baby


Fin des années 1970. © : DR / Archives Soul Bag

Du fait de ses textes un peu trop explicites, la chanson n’est pas diffusée à grande échelle, mais l’artiste va s’en servir de marque de fabrique et la réadapter en improvisant souvent à l’infini pratiquement lors de chacun de ses concerts… Son abnégation est récompensée au milieu des années 1980 quand il attire l’attention de la marque Ichiban, pour laquelle il réalise une demi-douzaine de disques, qui sont suivis d’une dizaine d’autres pour différents labels. Et ses derniers disques sortis en 2009 et 2010 pour Benevolent prouvent que Willis n’a rien perdu de ses aptitudes et surtout de son sens de l’humour (on se souvient aussi de sa chanson écrite un peu plus tôt sur Obama). C’était également un showman de premier ordre qui savait envoûter sur scène : ainsi à Utrecht aux Pays-Bas en 2003, où sa relecture de Stoop down baby et un tour de force comme Hello Central (issu d’un blues texan qu’il maîtrisait à merveille) ont marqué ma mémoire. Une image à garder de cet artiste truculent.
Daniel Léon