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Hommages / 10.02.2023

Burt Bacharach (1928-2023)

Compositeur, producteur, chef d’orchestre : pendant sept décennies – il se produisait encore il y a quelques mois – Burt Bacharach a incarné une certaine forme d’écriture pop qui, comme celle de Gershwin, de Michel Legrand ou de Paul McCartney, dépasse les frontières de style et les étiquettes, et la liste des artistes qui l’ont chanté, avec ou sans sa participation, couvre un large éventail esthétique.

Né le 12 mai 1928 à Kansas City, dans le Missouri, Burt Bacharach grandit à New York, dans le Queens. Fasciné par la musique, il hante dès l’adolescence – grâce à une fausse carte d’identité ! – les clubs de jazz de la 52e rue avant de se lancer dans des études universitaires de musique au cours desquelles il travaille notamment sous la houlette et avec les encouragements de Darius Milhaud. Après son service militaire, il commence à travailler comme accompagnateur de chanteurs de variété avant de devenir le pianiste et directeur musical de Marlene Dietrich, tout en commençant à écrire des chansons avec différents partenaires pour des artistes comme Johnny Mathis, Peggy Lee et Tony Bennett.

Au début des années 1960, sans renoncer à la grande variété, il commence à écrire de plus en plus régulièrement pour des artistes afro-américains comme Dee Clark, Jerry Butler, Chuck Jackson ou son premier protégé Lou Johnson et devient une des plumes régulières de la soul qui s’invente. C’est lors d’une séance pour les Drifters, pour qui elle assure des chœurs, que Bacharach découvre celle qui devient immédiatement sa muse : Dionne Warwick. Leur premier single commun – avec des paroles signées par Hal David, le principal collaborateur de Bacharach à l’époque –, Don’t make me over, est un immense succès qui ouvre une invraisemblable série de tubes et de classiques qui s’étale sur plus de deux décennies – douze millions de disques vendus, vingt-deux chansons dans le Top 40 – et compte de multiples perles, de Walk on by à That’s what friends are for en passant par I say a little prayer

Compositions originales ou reprises, il est impossible de lister à partir de ce moment les interprètes des mélodies de Bacharach, qui transcendent les limites stylistiques. Aretha Franklin, James Brown, Stan Getz ou Elvis Costello le chantent ou le jouent. Au contraire de nombre de ses contemporains, il garde, au prix de quelques changements de collaborateurs, une pertinence commerciale régulière au moins jusqu’à la fin des années 1980, avec des succès majeurs avec de nouvelles compositions pour des interprètes comme Patti LaBelle, Natalie Cole ou Roberta Flack, tandis que ses classiques sont constamment repris et redécouverts par de nouvelles générations, comme quand Luther Vandross transcende A house is not a home.

Couvert de récompenses – Grammys et Oscars pour ses nombreuses musiques de film –, il continue alors qu’il est nonagénaire à défendre sur scène son catalogue unique de chansons qui constituent une certaine forme de bande-son de la seconde moitié du XXe siècle.

Texte : Frédéric Adrian
Photo d’ouverture : Dionne Warwick et Burt Bacharach, 5 mai 1971. © DR / Collection Gilles Pétard

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