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Brèves / 03.08.2017

Bobby Taylor (1934-2017)

Malgré une carrière discographique finalement limitée, Bobby Taylor fait partie des figures attachantes de l’univers Motown, qu’il a continué à incarner longuement sur le circuit “oldies”, en particulier au Royaume-Uni.

Né à Washington, c’est à New York, au sein de la scène doo-wop locale qu’il fait ses débuts de musicien dans le courant des années 1950, avant d’enregistrer quelques faces avec un groupe baptisé The Four Pharaohs. Mais sa carrière démarre vraiment quand il fait la connaissance à San Francisco d’un groupe baptisé Little Daddy & the Bachelors. Installé au Canada, et après différentes péripéties (parmi lesquelles une tentative de s’imposer sous le nom Four Niggers and a Chink, imaginé par le guitariste du groupe Tommy Chong, d’origine asiatique, devenu depuis un comique réputé aux États-Unis), le groupe, désormais baptisé Bobby Taylor & the Vancouvers, signe avec Motown et décroche un succès dès son premier 45-tours, l’audacieux Does your mama knows about me qui évoque de front la question des relations amoureuses entre Noirs et Blancs.

 

 

 

Ni l’album du groupe, ni les deux 45-tours suivant ne réussissent à renouveler l’exploit, et les Vancouvers se séparent. Après avoir auditionné en vain pour remplacer David Ruffin dans les Temptations, Bobby Taylor se lance dans une carrière solo sans grand succès et fini par quitter Motown en 1971 suite à des différends financiers. Quelques 45-tours ponctuels pour différents labels ne parviendront pas à relancer sa carrière, qui se poursuivra très longtemps sur la scène oldies, parfois avec des “New Vancouvers”, alors même qu’il s’était installé, dans le courant des années 2000 à Hong Kong, où il avait ouvert un studio.

À cette carrière très honorable d’interprète qui a fait l’objet d’une “Motown Anthology” en 2006 s’ajoute son rôle déterminant dans la plus grande “success story” issue du label de Berry Gordy : c’est en effet lui – et non Diana Ross comme le veut l’histoire officielle, qui attire l’attention de Motown sur la fratrie qui, courant 1968, a assuré la première partie d’un de ses concerts à Chicago. Après la signature des Jackson 5 avec le label, il produit une série de titres qui apparaissent sur le premier album du groupe, “Diana Ross Presents the Jackson 5” mais est vite écarté au profit d’une prise en main directe par Berry Gordy lui-même…

Frédéric Adrian

 


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