Brad Shapiro (1938-2024)
24.10.2024
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Né en Louisiane, Bobby Jones s’installe à Chicago en 1959. Tout en travaillant dans une aciérie dans la journée, il ne tarde pas à consacrer ses soirées à la scène blues et soul locale. Embauché au Pepper’s Lounge, où il remplace Junior Wells au sein de l’orchestre maison, il grave une série de 45-tours pour différents labels locaux – Vee Jay, USA (Beware a stranger), Expo… – et publie même un album, l’introuvable “Talkin Bout Jones”, qui bénéficie des guitares de Syl Johnson et Mighty Joe Young. Il se produit également avec la “jeune génération” – Barry Goldberg, Harvey Mandel, Mike Bloomfield, Charlie Musselwhite… –, et des enregistrements de cette époque apparaissent sous les titres “Chicago Blues Union” (souvent crédité à Barry Goldberg) et “Chicago Anthology – Recorded Live at Big John’s”.
Au début des années 1970, il s’installe en Floride, où il se produit dans les clubs et enregistre ponctuellement, avant de revenir à Chicago en 1977. Selon ses dires – contestés par le principal intéressé –, il passe pendant cette période californienne à côté du tube qui aurait changé sa vie quand Can I change my mind, écrit pour lui, est enregistré par Tyrone Davis… S’il continue tranquillement sa carrière dans les années 1980, avec une série de singles pour Dispo (dont le petit classique Win your love, régulièrement compilé), Expansion – un label de Chicago, pas la maison de disque britannique du même nom – et même Fantasy (pour un titre electro funk, I’ve got the touch if you got the time) –, le succès côté gospel d’un homonyme l’oblige à se rebaptiser Bobby Jonz.
Moins visible dans la deuxième partie des années 1980 et au début des années 1990, pendant lesquelles il se produit notamment à Las Vegas à l’invitation de Tyrone Davis, il se réinvente à la fin de la décennie sur la scène soul sudiste, avec l’album “In The Mood For Love”, publié par Ace, puis avec “This Is Bobby Jonz Country”, paru sur Avanti, deux labels liés au producteur Johnny Vincent. Tout en continuant à reprendre Lou Rawls, Elvis Presley et Frank Sinatra dans les clubs de Las Vegas, il publie un album pour une autre figure de la scène soul sudiste, Senator Jones, “Your Freak Is Here” qui sort en 1999 sur Big Bidness, suivi en 2003 de l’autoproduit “Lee Shot Stole My Freak” – le titre est une référence au tube sudiste de Lee Shot Williams, She made a freak out of me. Suite à un conflit avec le producteur, cinq chansons de cet album se retrouvent également sur l’album “I Kissed Her Gone” de Clay Hammond…
Bobby Jones change à nouveau de direction artistique – et retrouve l’orthographe habituel de son nom – à la fin des années 2000, quand il rejoint les Mannish Boys, le collectif blues all-stars lancé par Randy Chortkoff. Il apparaît sur trois des albums du groupes entre 2007 et 2010, et ceux-ci l’accompagnent sur un disque solo, “Comin’ Back Hard”, paru en 2009. Il s’offre en 2011 un nouveau retour vers la scène sudiste, avec l’album “You Ain’t Got No Proof”, suivi d’un disque de standards “cabaret”, “Sings To Las Vegas”, en 2014, mais s’était fait discret depuis cette date.
Texte : Frédéric Adrian