16 et 17 août 2023.

La richesse de la programmation, le cadre enchanteur de La Charité-sur-Loire et des communes environnantes impliquées dans l’organisation du festival, l’atmosphère conviviale et la gentillesse proverbiale des bénévoles font incontestablement de Blues en Loire un rendez-vous incontournable pour tout amateur de blues qui se respecte. 

Pour cette 21^e édition, Alabama Mike, John Del Toro Richardson, Shakura S’Aida, Michael Jerome Browne, Nirek Mokar & Sax Gordon entre autres sont à l’affiche. Ne pouvant assister à l’intégralité du festival, seules sont ici évoquées les soirées des 16 et 17 août. 

Mercredi 16 août, Beaumont-la-Ferrière

Carte blanche à Anthony Stelmaszack. La chaleur étouffante qui règne sur la Nièvre et l’assurance de passer un moment de qualité ont amené un large public à profiter de la fraîcheur de l’église du charmant petit village de Beaumont-la-Ferrière en cette fin d’après-midi. Dans un cadre somptueux, installé devant l’autel, celui qui se définit comme un “colporteur de blues” rend hommage durant une bonne heure à ses nombreuses idoles. Robert Johnson (Me and the devil blues), John Lee Hooker (Crawlin’ kingsnake), Jimmy Reed (Natural born lover), Tommy Johnson (Big road blues), Muddy Waters (le Mean red spider emprunté par le Parrain du Blues à Robert Lockwood Jr) ou encore, de manière plus inattendue, Magic Sam (All your love) sont mis à l’honneur avec talent par cet acteur absolument incontournable du circuit blues européen qui laisse une assistance conquise par sa simplicité, son humilité et sa déférence à l’égard des grands maîtres.

Jeudi 17 août La Halle Aux Grains, La Charité-sur-Loire

Entre une figure montante du blues contemporain et celui qui s’affirme comme un pilier de la scène actuelle, la soirée concoctée par Elisabeth Levannier et son équipe s’annonce des plus prometteuses.

C’est à José Ramirez que revient la charge d’ouvrir le bal. Entouré d’une talentueuse équipe composée de Jean-Patrick Cosset aux claviers, Thibaut Chopin à la basse et Denis Agenet à la batterie, le chanteur-guitariste d’origine costaricienne puise dans ses deux premiers albums parmi lesquels le remarqué “Major League Blues” publié sur le mythique label Delmark en 2022. Rompu à l’exercice scénique, le garçon a incontestablement du métier et communique abondamment avec un public qu’il sait aller chercher et enthousiasmer par ses chorus aux accents latinos et sa vista. Hélas, l’utilisation quasi systématique des ressorts de la tension-détente et des solos souvent à rallonge ont le don de provoquer chez certains auditeurs un sentiment de lassitude. Les neuf titres seulement en 90 minutes donnent ainsi une idée des longueurs inhérentes à une telle prestation.  

D’essoufflement il ne sera pas question avec Alabama Mike ! Bien que semblant quelque peu en retrait en tout début de concert (la fatigue de la fin de tournée ?), le Californien d’adoption prend progressivement possession de la scène et de la salle et emporte un public conquis par sa faconde, son humour et une merveille de répertoire soul blues. Si le set fait évidemment la part belle aux douze-mesures avec les hymnes Mississippi et Upset the status quo ou une reprise du My black Cadillac de Lightnin’ Hopkins, les effluves soul, gospel et funk tiennent une place grandissante à l’instar de ce que propose son dernier opus en date paru sur le label Little Village (“Stuff I’ve Been Through”).

Les exquis Fat shame Pt. 1, Stuff I’ve been through ou encore God is with you sont assurément des moments forts de la soirée qui mettent encore un peu plus en avant les immenses qualités vocales de Mike. Sans surprise, ce dernier est magistralement servi par une équipe haut de gamme au sein de laquelle on retrouve Anthony Stelmaszack à la guitare, Damien Cornelis aux claviers, Julien Dubois à la basse et Fabrice Bessouat à la batterie. La présence comme invité, sur le rappel notamment, de l’excellent harmoniciste Vincent Bucher, permet de clôturer de la meilleure des manières possibles un concert riche en émotions du côté de la Halle Aux Grains.  

Texte : Nicolas Deshayes
Photos © André Davo