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Brèves / 10.07.2012

Blues à Vienne

La traditionnelle nuit du blues de Jazz à Vienne est programmée cette année le 9 juillet. En ouverture, Awek délivre un set enthousiasmant et percutant comme il en a désormais l’habitude, et confirme que la France tient un excellent groupe de blues (et pas de blues français, ne nous méprenons pas). Le public en redemande mais les organisateurs, probablement pris par le temps, ne leur permettent pas de revenir… Quant à Keb’ Mo’, il a sensiblement fait évoluer sa musique. On est loin du revivaliste qui se présentait en solo pour essentiellement reprendre de façon appliquée des titres traditionnels… Entouré d’une formation composée d’un second guitariste (également mandoliniste, harmoniciste et chanteur !), d’un bassiste, d’un batteur et de deux claviers (dont un également chanteur), sa musique variée prend désormais des accents soul (quel beau chanteur) et sonne souvent résolument moderne, étant même menaçante quand il s’essaie au blues lent (I’m in a dangerous mood). Toujours à l’aise à la slide, il manie désormais bien la guitare électrique et propose des compositions qui retiennent l’attention (Henry, France). Et puis, comme pour Awek, malgré une standing ovation, le personnel du festival se rue sur scène sous la bronca du public pour débrancher les instruments et démonter la scène. Mais Keb’ Mo’ ne se démonte pas et revient au milieu des techniciens, se saisit d’un micro et de son dobro, et commence à entonner Am I wrong alors que son instrument est débranché… Peu importe, il enchaîne a cappella et, vaincu, l’ingénieur du son finit par tout rebrancher, permettant au batteur, au bassiste et à l’organiste de revenir partager ce beau moment avec un théâtre antique ravi malgré un certain chaos ! Pour conclure, Magic Slim nous fait un peu peur en début de concert (Living in my neighborhood, I can’t hold out) : jeu de guitare hésitant, voix difficilement compréhensible (il semble avoir du mal à articuler), il fait presque plus que son âge (75 ans le 7 août prochain)… Mais il lui faut sans doute de nos jours un peu plus de temps pour entrer dans un concert qui va effectivement crescendo. Et même si ce n’est plus le meilleur Magic Slim, il retrouve néanmoins peu à peu son allant et surtout son incomparable intensité, d’abord sur les blues lents dont il a le secret (Bad boy, Crazy woman), puis même quand le tempo s’accélère (I’ve got the blues). Il est rejoint par Keb’ Mo’ pour un final (Help me, The blues is alright) qui conclut dans l’enthousiasme une édition réussie.