;
Brèves / 03.12.2014

Les Stones perdent leur saxo

Il s’appelait Keys (ce qui désigne les touches du piano ou plus généralement les claviers), mais c’est bien en soufflant dans son saxophone qu’il se fera connaître. Et de quelle manière, puisque Bobby Keys sera le saxophoniste des Rolling Stones sur les derniers disques de l’âge d’or du groupe, dont « Let It Bleed » (1969), « Sticky Fingers » (1971, avec le fameux chorus de Brown sugar) et surtout le génial « Exile On Main Street » (1972)… Mais Keys s’est donc éteint ce 2 décembre 2014 à 70 ans des suites d’une cirrhose du foie. Né Robert Henry « Bobby » Keys le 18 décembre 1943 (soit très le même jour que… Keith Richards !) à Slaton au Texas, il apparaît dès l’adolescence aux côtés de musiciens plutôt pop/rock comme Bobby Vee et Buddy Holly. Il voit les Rolling Stones en 1964 lors de leur première tournée américaine et se rapproche suffisamment de la formation pour en devenir membre en 1969. Outre les trois albums cités plus haut, il se fait également remarquer pour ses frasques, notamment avec Richards lors d’une autre tournée aux États-Unis en 1972. Cette année-là, le réalisateur Robert Frank tourne un film célèbre resté inédit et très élégamment intitulé Cocksucker blues… On y voit les « acteurs » se livrer à des scènes de débauche et consommer de la drogue, une image passée à la postérité montrant Keys et Richards « défenestrer » un poste de télévision ! Le documentaire sera interdit même s’il fera ensuite l’objet de quelques projections ponctuelles. Après cela, Keys quitte les Stones tout en participant encore à des tournées, ce qu’il continuera de faire jusqu’à nos jours (et moins régulièrement sur quelques CD dont « Emotional Rescue » en 1980, « Stripped » en 1995, ainsi que dans le film Shine a Light en 2008), participant ainsi de façon notable au son du « plus grand groupe de rock de l’histoire ». Ce musicien recherché a travaillé avec de très grands artistes dans différents styles, citons parmi ceux qui se rattachent le plus à notre spectre B. B. King (« Live In London », 1971), Chuck Berry (Hail! Hail! Rock 'n' Roll, 1987), Delaney & Bonnie et Eric Clapton. Enfin, il retrace son parcours dans son livre Every Night's a Saturday Night: The Rock 'n' Roll Life of Legendary Sax Man Bobby Keys (avec Bill Ditenhafer, Counterpoint, 2012).