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Live reports / 21.12.2016

You & the Night & the Music

Salle comble et enthousiaste pour la quatorzième édition du rendez-vous rétrospectif inventé par la radio TSF Jazz… Le concept initial – douze orchestres pour les douze mois de l’année – est désormais dépassé : c’est une bonne vingtaine d’artistes et un total dépassant les cent-dix musiciens – dont seulement quatre femmes, dont trois chanteuses… – qui se produiront sur la scène de l’Olympia pour une soirée qui dépassera les trois heures de musique ! Comme chaque année, et à l’image de la radio, le programme s’efforce de présenter le jazz dans sa diversité, de ses formes les plus classiques aux démarches plus expérimentales. Peu d’invités américains cette année, mais un accent bienvenu sur les artistes émergents de la scène française et internationale, du quintet Awake à la chanteuse Lou Tavano. Ce sont d’ailleurs ces découvertes – plus ou moins relatives – qui feront l’intérêt principal de la soirée, alors que les artistes plus confirmés, comme le pianiste et chanteur Johnny O’ Neal, ancien Jazz Messenger et interprète du rôle d’Art Tatum, qui m’a paru fort ordinaire, ou le duo très académique unissant les valeurs sûres Jacky Terrasson et Stéphane Belmondo peinent parfois à convaincre.

Parmi les prestations les plus séduisantes, on notera en particulier celles du saxophoniste Guillaume Perret (en solo avec ses machines), de la chanteuse Lou Tavano (voix atypique, à la Joni Mitchell, et univers personnel incarné), du quintet Awake (répertoire original et inspiré) et du saxophoniste américain Marquis Hill, avec son groupe de futures stars du genre – incisif et sans cliché. Mais le coup de cœur va, une fois encore, au merveilleux Gondawana Orchestra emmené par le trompettiste britannique Matthew Halsall. Même avec un seul morceau, illuminé par un solo de harpe transcendant de Rachael Gladwin, Halsall impose son univers et y fait entrer en douceur ses auditeurs. Il leur reste néanmoins un petit effort à faire côté communication : de tous les groupes de la soirée, c’est le seul à quitter la scène sans même un salut à un public qui pourtant les acclame ! Même s’il a peut-être manqué une grosse surprise comme celle de la prestation habitée de Cory Henry l’année précédente, il s’agit une fois de plus d’un rendez-vous majeur pour apprécier les richesses du jazz vivant.

Frédéric Adrian