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Chroniques / 01.03.2019

Willie Farmer, “The Man From The Hill”

Willie Farmer nous propose un deuxième album radicalement différent du précédent. Plus de blues acoustique bien sage et trop entendu, mais une musique bien plus rugueuse, agrémentée d’effets divers dont de la wah-wah, de l’écho et de la distorsion, qui n’est pas sans rappeler le Hill Country Blues. Car Big Legal Mess a senti le potentiel de Farmer et l’a emmené enregistrer à Memphis au Delta Sonic Sound Studio de Bruce Watson, auquel on doit pour Fat Possum des sessions mémorables de Junior Kimbrough et R.L. Burnside, entre autres… Pour compléter le tableau, des musiciens spécialistes comme Jimbo Mathus (guitare) et George Sluppick (batterie) figurent au casting.

Dès lors, le CD débute avec un son de guitare bien gras, un peu de tambourin et une voix à la limite de la rupture. En deux titres (I feel so bad et Shake it), Farmer se révèle en Jessie Mae Hemphill, version au masculin ! Come back home et I am the lightning, encore plus “déchirés”, rappellent davantage T-Model Ford. Mais Farmer évite de s’enfermer dans un style. L’ancien chanteur de gospel s’entoure ainsi de chœurs sur le churchy At the meeting (avec toutefois de la distorsion), il ne dédaigne pas le blues lent avec Break bad et Daddy was right (sur lequel l’influence de Lightnin’ Hopkins se ressent), d’autant qu’il confirme sa maîtrise du falsetto, et le boogie final The man from the hill achève de convaincre.

Il n’y a rien à négliger sur ce disque qui surprend agréablement (surtout quand on connaît le premier…), et qui pourrait permettre à Farmer de se faire une belle place parmi les interprètes d’un blues audacieux et moderne, propre à cette région du nord-ouest du Mississippi décidément bien prodigue en talents originaux.

Daniel Léon

Note : ★★★★
Label : Big Legal Mess / biglegalmessrecords.com
Sortie : 1er mars 2019

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