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Live reports / 26.10.2016

Watermelon Sliim

Dominique Bouillon, organisateur du festival Blues d’Automne en Rabelaisie, s’occupe aussi de la programmation de la salle du Temps des Cerises (le “e” est barré volontairement) à Beaumont-en-Véron (37). Il y a du monde en quantité suffisante ce dimanche soir pour accueillir Watermelon Slim en cours de tournée. L’homme se produit seul, avec sa guitare posée à plat sur du matériel de scène, et dont il va jouer en slide, et ses harmonicas, posés en vrac sur le même matériel. Le tube qu’il utilise pour jouer en slide est celui d’une clé à pipe d’un diamètre impressionnant. Dans cette configuration, il est plus “roots” que jamais, avec un répertoire centré autour de deux de ses idoles, Mississippi Fred McDowell et Muddy Waters. C’est avec Highway 61 qu’il entame son concert, non sans avoir introduit le morceau, en français s’il vous plaît, une langue qu’il utilisera toute la soirée, avec un humour certain, présentant ses excuses pour le risque qu’il prend de « tuer notre langue ». Il continue à la guitare avec son Bull goose rooster, une reprise de Two trains running et une première « truck driving song » pour rappeler le temps où il fut conducteur de camion. Il passe ensuite à l’harmonica, rappelant que depuis le début de sa carrière le prix des harmonicas avait augmenté à un taux tel que le bénéfice résultant était supérieur à celui de la vente de drogue ! Il part ensuite dans un Gypsy woman confondant de simplicité et de justesse. Là comme à la guitare le son est merveilleux, plein, chaleureux, tout simplement blues. Il prend un harmonica en basse tonalité pour une reprise de Sonny Boy Williamson n° 2 et conclut ainsi la première partie.

 

 

La deuxième débute avec un titre hommage à Fred McDowell, une variation personnelle de Death letter blues puisqu’il explique que, par l’entremise de Bonnie Raitt, il avait obtenu l’adresse de McDowell mais s’est retrouvé à lui écrire le jour exact de sa mort. Il n’a donc jamais pu le voir en personne mais a voulu lui dire en chanson combien il avait quand même été influencé par lui. Suit un des morceaux de bravoure de son show, une chanson en français où il cite plusieurs bluesmen dont il traduit les noms, dont le fameux « B.B. Le Roi » ! Sa voix grave, avec la sonorité chuintante qui la caractérise, se joue des langues et fait passer ce qui est attendu par un public ravi : le feeling blues. Il reprend l’harmonica pour une reprise de Blood Sweat and Tears puis un beau titre lent, créé lors de son passage à Cognac il y a quelques années, avec un beau solo. Le rappel est réclamé par des spectateurs conquis, qui ne veulent pas le laisser partir, et qu’il récompense d’un Smokestack lightning bien senti. Il en faut peu pour être heureux, comme disait l’ours, juste un artiste authentique, en forme d’ours mince tout aussi gentil, avec un sens du public aiguisé, et du blues, du vrai.

Texte et photos : Christophe Mourot