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Brèves / 10.02.2005

Tyrone Davis est mort

Le chanteur soul avait été victime d’une attaque en septembre 2004 dont il semblait bien se remettre avant que des complications cardiaques puis une pneumonie nécessitent une nouvelle hospitalisation. Il est mort à Chicago le 9 février 2005.
Tyrone Davis était né le 4 mai 1938 à Greenville, Mississippi et fut élevé à Saginaw, Michican. Arrivé à Chicago en 1958, il fut le valet-chauffeur de Freddie King jusqu’en 1962. Ecumant les clubs locaux, il fut découvert par Harold Burrage qui lui fit enregistrer ses premières faces pour Four Brothers (1965) sous le nom de « Tyrone The Wonder Boy ». Il connut un premier et énorme succès en 1968 avec Can I change my mind sur Dakar (n° 1 et 5 respectivement dans les charts r&b et pop)
A partir de là, il sera, jusqu’en 1988, un abonné des hit-parades pour des raisons que Sebastian Danchin analyse parfaitement dans l’Encyclopédie du r&b et de la soul (Fayard) :
« La musique de Tyrone Davis est caractéristique de la soul de la Windy City, porteuse des ambitions urbaines de toute une frange de l’Amérique noire rurale qui aspire à accéder aux classes moyennes. Cette hésitation constante entre deux mondes, deux époques, deux statuts sociaux se retrouve dans la voix même de Davis, dont le registre limité se situe à mi-chemin entre baryton et ténor. De manière plus pertinente encore, son répertoire reflète cette dualité constante alors que Davis, entre crooner et conseiller conjugal, passe de la ballade soul à un blues sensuel et fragile, riche en vibrato, qui fait se pâmer ses admiratrices dans les clubs et les salles des fêtes chic du chitlin’ circuit le samedi soir. Ce profil de chanteur pour dames typiquement afro-américain a privé Tyrone de tout succès en dehors de l’Amérique noire, expliquant l’indifférence et l’incompréhension du grand public, imperméable à une culture de ghetto qui lui est totalement étrangère. »
Ceci expliquant également l’indifférence des cénacles bluesistiques à son égard et la rareté de ses apparitions en Europe (Utrecht, 1995 ; Bellinzona en Suisse, 2002). Malgré une production discographique abondante, ses albums ont toujours été fort mal distribués en France, alors qu’il a enregistré six ou sept albums pour Dakar entre 1969 et 1975, autant pour Columbia entre 1976 et 1980, puis, dans les années 80 et 90, beaucoup d’autres sur les labels Highrise, Future, Ichiban, Malaco, Endzone.