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Live reports / 28.09.2016

Tweet

Auditoire compact et chaude ambiance : Charlene Keys, alias Tweet, est attendue de pied ferme par les aficionados du Bizz'Art. Ceux qui chérissent “Southern Hummingbird” ont l'air nombreux et ils seront gâtés : cet excellent album qui avait mis la collègue de Missy Elliott et Timbaland en pleine lumière en 2002 a les honneurs ce soir. Servie d'entrée, la petite perle groovy house Make ur move ne crée pas vraiment l'effet escompté. Trop tôt : le groupe maison qui la seconde ce soir (un septet avec clavier et trois choristes) tourne bien mais Tweet doit visiblement encore prendre ses marques. Le visage mangé par un feutre et une imposante perruque, la chanteuse de 44 ans n'aura ensuite pas de mal à faire parler son expérience et son charisme, sans forcer, grâce à son timbre mutin et enjôleur. Son Smoking cigarettes trouve un écho enthousiaste aux quatre coins de la salle et se conclut sur un petit laïus sur les méfaits des « trois paquets par jour » auxquels la dame a eu la bonne idée de dire adieu.

 

 

 

Et puis, à l'image des puissants growls arrachés qu'elle décoche de temps à autre, Tweet sait sur scène prendre ses distances d'une voie balisée et d'un son léché en studio. Si bien que Turn da lights off (extrait de “It's Me Again”, son deuxième album de 2005) la voit demander au trio de choristes de répéter une phrase rapide du refrain pas évidente à saisir au vol : ça flotte un peu mais personne ne se dégonfle et voilà que Tweet invite le public à venir improviser au micro. Quatre chanteurs et chanteuses défileront, avec quelques déclarations inspirées à la clé. Et la patronne se chargera tranquillement de la partie rappée en studio par Missy Elliott.

Enough (de son EP “Simply Tweet”, 2013) et trois titres de son nouvel album auront aussi droit de cité : Magic (vite écourté, hélas), Won't hurt me et Neva shoulda left ya. L'occasion aussi d'apprécier le travail de Haïlé Dästa Jno-Baptiste dont on n'avait vu que la toute fin de première partie et qui là endosse avec maîtrise le rôle clé d'un Jubu Smith dont les entrelacs de six cordes sont au cœur même de la réussite de “Charlene”.

 


Isa Koper, Céline Languedoc, Franck-Cliff Jean, Tweet, Mickael Joseph

 


Haïlé Dästa Jno-Baptiste (lors de la première partie)

 

 

Si le groupe n'a évidemment pas pu répéter tout son répertoire, Tweet a du répondant face aux nombreuses requêtes qui fusent du public. Un petit bout de Motel, un autre de Call me, et ce chouette moment a cappella pour quelques strophes de Complain. Puis retour au groove contagieux via deux perles inévitables : Boogie 2nite et le fameux Oops (Oh my), titre risqué à la syncope imparable et joli carton en 2002 (n° 1 R&B et n° 7 Pop au Billboard). Un set court (65 minutes) rondement mené. Et une nouvelle initiative à mettre au crédit de Manuelle Stefanuto et de son équipe qui ne ménagent pas leurs efforts pour proposer des artistes soul/R&B qui nous rendent trop rarement visite.

Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot

Le groupe :
Isa Koper, Céline Languedoc, Nessia (chœurs)
Mickael Joseph (claviers)
Haïlé Dästa Jno-Baptiste (guitare)
Franck-Cliff Jean (basse)
Mathieu Edward (batterie)