Cherise, Pop-Up du Label, Paris, 2024
09.12.2024
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Premier des six groupes en lice cette après-midi, Driftin' Blues entame de belle manière la seizième édition du tremplin phare du blues hexagonal. Le quintet nantais se distingue par la voix assurée de sa chanteuse (Kissia San) et les contrechants pertinents de son harmoniciste (Bruno Tredjeu). Et un bon dynamisme scénique qui lui permet d'enchaîner en variant les ambiances : du Chicago blues épais, une pointe de funk, le fameux tube de Charles Brown et une bonne dose de rhythm'n'blues swingué pour conclure. Manquait à l'appel des compos qui auraient pu faire la différence.
Kissia San (Driftin' Blues)
Driftin' Blues
En one-man band, armé d'un ukulélé et d'un harmonica, Geoffroy Bruneau crée un blues roots plutôt convaincant grâce à son chant puissant et solide. Mais ça se gâte sérieusement lorsque DH Dirtfloor devient trio. Jour sans, surdose de trac ou manque de répétition ? Guitare et basse tanguent dangereusement et le set des montpelliérains, qui dépasse largement le temps imparti, frôle le naufrage.
Geoffroy Bruneau (DH Dirtfloor)
Suit The Bathroom Groovy Stuff, un duo de Bordeaux qui malgré son nom ne donne pas dans le funk sautillant. Thèmes sombres et son qui tâche sont au programme. Elle chante avec aplomb en martelant du pied son cajón, lui slide son dobro sous disto et crache des décibels sur un ampli réglé hélas bien trop fort. Blind Willie Johnson et Charley Patton prennent le bouillon. Ça s'arrange ensuite, le temps de deux compos qui donnent de l'air à leur set avant une reprise de Black tar d'Anders Osborne. De l'idée, de la personnalité, mais encore plus d'un boulon à serrer.
Pauline Ricard et Alexandre Imbert (The Bathroom Groovy Stuff)
Après la pause déboule Foolish King. Le quintet bordelais, tout groove dehors, va asséner un set très rodé. À base de funk compact, de chanteuse survitaminée, d'orgue syncopé. Sens du show, charisme, entrain communicatif, c'est du solide. Par contre le blues en est quasi absent. Avec davantage de respiration dans les parties de guitares et de chant, il pourrait affirmer sa place. Les compositions y gagneraient probablement en substance.
Charlie Dales (Foolish King)
Charlie Dufau (Foolish King)
Peau de renard, crâne de buffle et poses de trappeurs pas commodes : le tandem de Poitou-Charentes Vicious Steel a le sens de la mise en scène. Et de l'humour à revendre. Quand l'un tient la baraque en frétillant derrière son attirail de one-man-band et son micro “téléphone”, l'autre lui donne le change avec flegme, travaillant ses phrasés ou poussant un petit chœur. Les compos en français font mouche, le chant et les guitares suent des blue notes… Quelques longueurs et maladresses empêchent le tout de vraiment décoller, mais le potentiel et l'originalité sont là.
Bobby Joe “Moose” McCormick (Vicious Steel)
La conclusion revenait à Aurélien Morro & the Checkers. Bien soudé, le quartet clermontois fait montre d'une belle énergie pour présenter son blues trempé dans le funk et le rock. Basse agile, piano inspiré, batterie sensible et guitare nerveuse qui sera plus à son aise sur un blues lent en mineur. Le chant rugueux du leader passe la rampe mais sur la longueur le tout peine à imposer une réelle originalité.
Nicolas Teurnier
Photos © Miss Béa
Aurélien Morro et Éric Courier
Le palmarès :
-Révélation Blues sur Seine : Vicious Steel
-Prix OFQJ-Festiblues Montréal : Foolish King
-Prix “Club Mississippi” Blues sur Seine : Driftin' Blues