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Chroniques / 25.03.2020

The Wild Tchoupitoulas par Bryan Wagner

Belle idée de collection que celle de ces livres consacrés à l’histoire d’un disque. Celui des Wild Tchoupitoulas produit pour le label Island en 1978 en est une évidente illustration. Un recueil d’une centaine de pages, particulièrement fouillé, qui, au-delà de l’histoire de l’enregistrement, dresse un tableau pertinent de l’ambiance musicale de l’époque à La Nouvelle-Orléans. Les liens des familles et les ramifications inhérentes y sont mis en perspective avec pertinence. Les photos de Michael Smith où l’on voit Big Chief Joly jouant du piano au Tipitina’s avec Aaron Neville à la batterie où celle des Wild Tchoupitoulas au Jazz Fest 77 avec les Neville Brothers en choristes de luxe prennent dès lors leur pleine signification.

On suit les différents protagonistes au fil des pages ; Big Chief Joly, bien sûr, mais aussi les quatre neveux Neville pas encore Neville Brothers. Le comparatif des chants indiens avec ceux du Fire on the Bayou de la fratrie paru en 1981 est d’ailleurs fort judicieux. On pourrait considérer le présent enregistrement comme un premier disque des Neville érigé sous l’ombre bienveillante des grands chefs indiens. La forte personnalité de Big Chief Joly, sa capacité à suggérer ses vues au producteur de la session Allen Toussaint font de ce vinyle une espèce de “turning point” historique entre Meters et Neville Brothers où – fait exceptionnel au Sea Saint Studio – le disque sera capturé en quasi live avec l’ensemble des musiciens dans la même pièce.

Dans ce contexte, difficile d’oublier les deux disques Barclay français des Wild Magnolias paru au tout début des années 1970 qui marquent le véritable début des enregistrements commerciaux de Mardi Gras Indians. Le livre y fait régulièrement référence, insistant sur le réel hiatus que ces trois disques vont créer dans la communauté “indian” du fait de leur forte accointance avec les musiques funky de l’époque au détriment supposé des tambours africains des practices et des défilés de la Saint Joseph. De multiples études de texte jalonnent par ailleurs l’ouvrage. On laissera aux curieux l’explication lomaxienne du vocable Two wa bac away et de sa supposée dérive grivoise (sic) d’un lointain français (page 73)…

Stéphane Colin

The Wild Tchoupitoulas
par Bryan Wagner, Bloomsbury, collection 33 1/3, 144 pages, anglais.

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