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Live reports / 06.03.2013

THE ROBERT CRAY BAND

Le New Morning s’est vite avéré trop étroit pour accueillir tous les fans parisiens de Robert Cray. Affichant complet, il a fallu ajouter un second concert le lendemain pour satisfaire les demandes. Plus vaste, le Trabendo (dans le parc de la Vilette) s’est révélé un choix judicieux : même bien rempli, on n’y risquait pas l’étouffement et la vue sur la scène était assurée.


Robert Cray
 

Le Robert Cray Band ne fait pas dans la surenchère ni l’ostentation, le groupe investit le plateau en toute simplicité et attaque directement le concert. Le show est pourtant pensé et étudié. Il privilégie d’abord les ambiances légères, alertes et optimistes. Une pointe de reggae ici, un zeste de rock californien là, on a envie de danser. Puis, à mesure que le concert avance, le blues s’épaissit, les ballades soul se chargent et deviennent plus prenantes.


Robert Cray et Jim Pugh
 

Ce qui est frappant chez Robert Cray, c’est que la gravité de certaines de ses compos et le poids qu’il met dans ses solos de guitare ne se reflètent pas dans son expression physique. Là où beaucoup font passer les affres de la musique sur leur visage, celui de Cray reste serein, paisible. Pas de contorsion non plus. C’est peut-être de là que vient cette réputation de froideur et de manque d’implication que certains amateurs lui attribuent toujours. Pourtant, ses solos de guitare peuvent atteindre une intensité rare, n’hésitant pas à emprunter des sonorités "sales" proches de la dissonance, à l’inverse de la "ligne claire" qu’il pratique habituellement. Fidèle aux claviers depuis vingt ans, Jim Pugh est souvent sollicité et fait montre d’un bel engagement au piano électrique comme à l’orgue.


Jim Pugh
 

Comme prévu, le répertoire a fait la part belle au dernier album, "Nothin’ But Love" (splendide version de I’m done cryin’), mais avec quelques retours sur le passé bienvenus, comme les inoxydables Bad influence et Right next door ou l’intense Time will tell.

Un beau concert, intense et vivant, par celui qui a su inscrire le blues dans la contemporanéité et dans une sorte de "normalité" tout juste tempérée par les incessants (et un peu superfétatoires) changements de guitare  😉

Jacques Périn

Photos © Cutymike