9 novembre 2023.

Après avoir participé au Blues Camp de Blues Station à Villeneuve-sur-Lot, les Cornlickers ont prolongé leur séjour en France par quelques dates, rejoints par Anthony “Big A” Sherrod, dont cette étape inattendue à Châtenay-Malabry (92). Les membres des Cornlickers, qui ont accompagné le légendaire Big Jack Johnson durant les dernières années de sa vie, sont restés unis avec Dale Wise à la batterie, Tony Ryder à la basse, Sugar Dave Groninger à la guitare rythmique et le leader-guitariste Bobby Gentilo. Ils reçoivent le renfort à l’harmonica de leur tourneur très impliqué, Alain Michel.

Ils ouvrent avec un instrumental lancinant et groovy où le leader distille de subtiles variations. Mais déjà Big A Sherrod s’est emparé de la petite scène avec un morceau funky où sa guitare domine les débats de sa sonorité un peu aigrelette et un jeu en accords qui pousse à la danse. Il poursuit avec la même voracité par une variante de Dust my broom, très “elmorejamesien” dans l’esprit, mais sans slide ! Puis vient une pièce plus lente mais aussi intense avant un Sweet home… Clarksdale même pas cliché. Quarante-cinq minutes de show au cours duquel Big A Sherrod a révélé une personnalité attachante, celle d’un bluesman “naturel” comme il n’en existe quasiment plus, bon chanteur et guitariste original, entertainer capable de faire tanguer une salle, de la faire participer sans la contraindre. (Une petite fille se rappellera sans doute longtemps de sa première leçon de guitare !)

Il ne facilite pas la tâche du son successeur, Carlos Elliot Jr., un chanteur-guitariste originaire de Colombie qui a su fondre son héritage latino-chamanique dans le blues profond du Mississippi et qui se produit avec les Cornlickers depuis plusieurs années. Son morceau aux motifs incantatoires ne manque pas de charme, mais Big A, revenu des coulisses canettes de bière à la main, s’improvise chef de chœur en faisant reprendre par la salle une séquence vocale du plus bel effet. Elliot et le groupe n’ont pas de problème d’ego et laissent Big A pleinement savourer sa première en France !

Bobby Gentilo demandera ensuite un moment de recueillement pour le grand absent de la soirée, RL Boyce, qui n’avait pas pu rejoindre la tournée comme prévu et dont on avait appris le décès le jour même. Et pour conjurer la tristesse, rien de plus efficace qu’un instrumental rythmiquement puissant où les guitares se joignent à l’harmonica pour une célébration digne des juke joints du côté de Clarksdale !

Texte : Jacques Périn
Photos © J-M Rock’n’Blues
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