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Live reports / 20.03.2017

Teedra Moses

Il fallait s’armer de patience avant d’applaudir Teedra Moses. Annoncée pour 21 heures, c’est presque une heure plus tard que la chanteuse originaire de La Nouvelle-Orléans monte sur la scène du Bizz'Art, après un faux départ lié à des problèmes techniques. Le public, relativement nombreux au vu de la notoriété de l’artiste en France, ne lui en tient pas rigueur, d’autant que les DJ JP Mano et Sly Johnson savent le faire patienter avec une sélection au goût très sûr, mais qui n’aide pas à mettre en valeur les trois titres plutôt médiocres interprétés sans grande conviction (et sur bande) par la jeune chanteuse londonienne Cherri V, qui assurera ensuite, avec plus de pertinence, les chœurs pendant la prestation de Moses.

Si la discographie personnelle de Teedra Moses reste modeste (deux albums en presque quinze ans de carrière), son CV est plutôt impressionnant, avec des collaborations, au chant et à l’écriture, avec Raphael Saadiq, Macy Gray, Mary J. Blige et Rick Ross, entre autres. Accompagnée par un quartet d’habitués du Bizz'Art tout à fait à l’écoute de leur leader d’un soir (Adrien Fromager, Yannick Péraste, Tsyo Rajaona et Tiss), c’est un programme qui tourne essentiellement autour du répertoire de son premier album – le plus connu du public, visiblement – que propose la chanteuse, avec quelques incursions dans le second, par exemple pour l’excellent Cognac & conversation – au cours duquel elle se fait offrir par un membre du public un verre de ce qui est visiblement sa boisson préférée !

Néanmoins, malgré l’abattage incontestable de Moses, il faut bien avouer que le show prend un certain temps pour décoller, faute peut-être de chansons suffisamment accrocheuses dans le début du programme, d’autant qu’elle n’a pas une voix particulièrement spectaculaire. C’est sur No more tears, prétexte à un long bain de foule et à faire chanter quelques fans énamourés, que le show prend vraiment son ampleur, avant un final à rallonge – deux reprises – sur le tubesque Be your girl, élégamment introduit par la guitare façon Isley de Yannick Péraste. Le rappel, mérité, se conclut sur une version tout en émotion de No regrets, un autre titre de son deuxième album, qui confirme le potentiel, sans doute pas encore totalement exploité de Teedra Moses. Une fois de plus, le Bizz'Art a tapé juste en l’invitant à se produire, pour la deuxième fois seulement, en France.

Frédéric Adrian
Photos courtesy of Bizz'Art