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Live reports / 03.04.2013

Syleena Johnson

Pour son premier concert en France, Syleena Johnson se présente en formation réduite. Un batteur, un guitariste, un clavier qui se charge de la basse et du séquenceur. Des musiciens compétents qui n'arriveront cependant pas à pallier totalement un manque d'ampleur patent. Heureusement, les choristes n'ont pas été sacrifiées et leur apport sera déterminant. Car ce sont bien les voix qui auront le dessus tout au long des deux sets.

 

 

Hypnotic, Tonight I'm gonna let go, Guess what, I am your woman… En quelques minutes, Syleena abat ses plus fameuses cartes sous forme de medley qui fait son petit effet… mais qui frustre aussi puisque le groupe étriqué ne peut pas se permettre de sortir le grand jeu qu'appelle ce départ sur les chapeaux de roues. La donne change dès le premier morceau joué en entier, Another relationship. Plus de respiration, plus d'interaction, Syleena a de l'espace pour asseoir sa voix forte. Accents R‘n’B épicés et soul percutante, le tout trempé dans le gospel, Syleena en a sous le pied et s'inscrit sans peine auprès des chanteuses qui ne font pas de prisonnier : Aretha, Chaka, Tina… Elle livre d'ailleurs une imitation de cette dernière avec un Proud mary survolté. Incartade étonnante qui traduit aussi un humour et une présence scénique remarquables.

 

 

Tous ses albums, ses “Chapters”, sont à l'honneur, en particulier le dernier, “Underrated”, et Syleena sait varier son show. Ainsi le second set débute en douceur, chant et guitare acoustique, donnant lieu notamment à un poignant I cut my hair. De quoi prendre un peu plus la mesure de l'aisance vocale de la patronne (ses deux choristes ne sont pas en reste et lui apportent un soutien dynamique très consistant) qui un peu plus loin relève un défi peu commun : elle propose d'interpréter à la demande n'importe quelles chansons de son répertoire. Le public se prend au jeu, les titres fusent et une bonne demi-douzaine de fois Syleena, a cappella, en livre un passage clé avec une justesse impressionnante. Y compris pour les très chauds Slowly et Phone sex qui déclenchent de vives réactions.

 

 

Autre moment fort, dans un tout autre registre, cette relecture habitée du No ordinary love de Sade. Puis vient le temps du décapant A boss, bien négocié malgré ce groupe qui manque toujours de coffre. Ce qui n'est décidément pas le cas de Syleena qui revient sur scène pour clore par un Stone wall chanté avec les tripes.

Nicolas Teurnier

Photos © Stella-K