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Live reports / 14.06.2018

Sue Foley + présentation du festival Blues en Loire 2018

Dix ans que je n’avais pas vu Sue Foley sur scène (c’était au Lucerne Blues Festival 2008) et je me demande même si elle s’est produite en France depuis la tournée commune avec Deborah Coleman et Roxanne Potvin en 2007… Quoiqu’il en soit, cette trop longue attente est cette année bien récompensée : un nouvel album qui est peut-être son meilleur (“The Ice Queen” sur Stony Plain / Dixiefrog) et un retour scénique sur le Vieux Continent qui n’oublie pas notre pays. Mine de rien par les temps qui courent, c’est une vraie bouffée d’oxygène tant se font rares les artistes qui nous replongent dans l’intense bouillonnement du blues des années 1990 et en particulier, comme c’est le cas de Sue, de la scène texane du mythique club Antone’s d’Austin. 

 

 

La semaine précédente, c’est avec le renfort d’autres figures majeures du blues texan contemporain (la chanteuse Lou Ann Barton et le guitariste Derek O’Brien) que Sue s’est produite à Bâle. En France, elle est simplement accompagnée de deux acolytes canadiens : le fidèle batteur Tom Bona (que l’on peut entendre sur son album “Change” de 2004) et le bassiste Leo Valvassori (ancien sideman notamment de Mel Brown, que l’on peut entendre sur le live “Mojo Ramble” avec Snooky Pryor – excusez du peu !). Mais il n’en faut pas plus à l’élégante quinquagénaire, bien moins sage et frêle qu’il ne paraît au premier abord, pour provoquer une véritable tornade.

 

 

 

Ce qui frappe d’emblée, c’est le chant de Sue, toujours caractéristique mais plus mature, juste et assuré, ainsi que ce jeu de guitare unique qui bâtit sa propre personnalité à partir de l’esprit de Jimmie Vaughan et des mânes de Gatemouth Brown. Pas moins de neuf titres du répertoire sont issus du nouvel album : la guitariste nous plonge au cœur du blues avec The Ice Queen, lâche les chevaux sur Run, provoque des déhanchements avec Come to me, fait chavirer les cœurs avec The dance et ravive la country originelle de la Carter Family avec Cannonball blues. Le show est bien pensé, avec une bonne balance entre morceaux avec groupe ou en solo, entre guitare électrique et guitare flamenco. Lorsqu’elle alterne les deux dans une même composition (son classique Mediterranean breakfast) c’est de très haute volée. Et Sue n’oublie jamais de remettre à l’honneur les femmes du blues : Bessie Smith avec le sans concession Send me to the ‘lectric chair et Memphis Minnie avec Me and my chauffeur que personne n’incarne aussi bien qu’elle.

 

 

 

 

À la fin de ce concert qui marque son grand retour en France, Sue reçoit une longue et méritée standing ovation. Qu’elle revienne, vite !

La soirée était pour l’association Le Chat Musiques, chère aux amateurs de blues, de dévoiler le programme de la seizième édition du festival Blues en Loire, qui aura lieu à la Charité-sur-Loire (58) et aux environs du 18 au 25 août. Un vrai festival de blues, qui montre si besoin était combien cette musique est non seulement conviviale et chaleureuse (loin de l’image de tristesse qui lui colle à la peau), mais aussi plurielle et porteuse de diversité (loin du caractère répétitif et simple qu’on lui prête souvent). Les têtes d’affiche de cette édition 2018 ne sont autres que Tom Holland et Matthew Skoler (le 21), Jimmy Burns (le 22), Ian Siegal (le 23, accompagné par Greg Zlap et Julien Brunetaud alias Julliver), Guitar Slim Jr. (le 24 – eh oui, le fils de son père, auteur de l’album “The Story Of My Life” en 1988) et Diunna Greenleaf (le 25).

 

 

D’autres grands noms, synonymes de bons moments, sont au programme avec Lenny Lafargue (le 24), Tia and the Patient Wolves (le 22) ou les Three Gamberos (le 18 à Clamecy, side project de Loretta and the Bad Kings). Bals cajun, piano boogie, blues pre-war ou bien teinté de soul ou de rock, seront aussi présents lors d’une semaine qui s’annonce des plus festives… Le programme complet sur bluesenloire.com/festival-2018

Éric Doidy
Photos © André Davo