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Live reports / 30.11.2012

SOBLUES FESTIVAL

Les deux derniers jours au Mans du SoBlues Festival 2012 sont alléchants avec The Old Bluesters et  Nico Wayne Toussaint le vendredi, et New Line Up et Shemekia Copeland le samedi.

Les Old Bluesters viennent de Vannes et honorent leur prix “Europa Jazz” gagné au tremplin blues des Rendez-Vous de l’Erdre fin août. Jean-Claude Durand (vo, g, hca), Christophe Lohéac (g), Claude Lebariller (b) et Cyrille Durand (dm), sont toujours aussi solide et entraînants et enchaînent reprises choisies en blues ou soul, dont un Walking the dog en version longue, qu’ils musclent par les rythmes appuyés et par les guitares généreuses en effets. De quoi chauffer la salle pour le passage de Nico Wayne Toussaint. Accompagné par Florian Royo (g), Antoine Perut (b, sax), Guillaume Destarac (dm), Nico livre un show énergique, certainement bien préparé, d’autant plus que le concert est enregistré en vue d’un album en public à paraître sur Dixiefrog en mai 2013. Le CD “Lonely Number” est la source principale du répertoire mais les précédents ne sont pas oubliés. Nico a le sens de la scène et du public auquel il livre des anecdotes sur son apprentissage musical et ses rencontres. C’est par exemple Rod Piazza qui lui a donné l’harmonica chromatique sur lequel il joue Moliendo café.  Il n’oublie pas non plus de remercier Soul Bag pour “le pied” attribué au CD susnommé. Juste longueur des morceaux, dosage des solos, chaleur du son, gestuelle, qualité des interventions des accompagnateurs, avec un Florian impérial à la six-cordes et un Antoine qui délaisse la basse sur un titre pour partir dans une jolie séquence au saxophone alto, tout est maîtrisé et le public en redemande. En rappel, ce sera d’abord un instrumental en hommage à James Cotton, joué directement dans le micro chant, comme il se doit, et l’émouvante ballade Mon dieu.

 


Christophe Lohéac et Jean-Claude Durand (Old Bluesters)

 


Nico Wayne Toussaint

 


Florian Royo

 

Le lendemain, les Rouennais New Line Up, Jérôme Lemesle (vo, hca), Pascal Rigault (g), Pascal Hernandez (contrebasse), Pascal Delahaye (dm), démarrent bien avec des reprises de Chicago blues des années 1950. Le rythme est souple, l’harmonica et la guitare sont dans le ton, leur set se déroule tranquillement, le groupe se resserrant bien sur ses originaux, dont Dangerous girl qui laisse présager des choses intéressantes dans leur futur discographique. En concert, il faudrait peut-être quelques titres plus longs pour montrer toute l’étendue du talent des musiciens.

 


New Line Up

 

Comme la veille, la salle est chaude pour accueillir la star Shemekia Copeland qui ne décevra pas. Ses accompagnateurs Arthur Nielson et Willie Scandlyn (g), Kevin Jenkins (b) et Morris Robert (dm) ont à peine le temps d’esquisser quelques notes que la belle est déjà au milieu d’eux. Ensemble, ils prennent la salle et le public à bras-le-corps pour ne plus les lâcher pendant deux heures de blues puissant, avec une bonne dose de country et de gospel, s’appuyant principalement sur les deux derniers CD. Plus encore que sur disque, la voix de Shemekia impressionne par sa force, son placement, son naturel, ses passages tenus, tendus, vibrants, ses coups de gorge. La réalité de la scène montre à quel point tout ça est maîtrisé, que ce n’est pas un artifice de studio. À partir de là, la puissance sonore du groupe n’est pas incongrue. Il en faut pour se mesurer à la dame ! Arthur Nielson prend de nombreux solos, parfois relayé par Willie Scandlyn, pendant que Kevin Jenkins participe aux chœurs, avec moult mimiques faciales, tout en jouant de sa basse avec son seul pouce. Derrière les fûts, Morris Robert est un costaud métronome. Maîtresse femme pendant les chansons, Shemekia est étonnamment capable de redevenir gentille et souriante entre eux, prenant le temps de parler au public, avec beaucoup d’humour. Extraits : « Beaucoup de gens disent qu’ils aiment Dieu, mais ils n’aiment personne d’autres. » ; « Les politiques sont mauvais partout dans le monde. » ; « Je n’ai jamais chanté à l’église quand j’étais petite. J’étais trop timide pour chanter face aux gens. Je chantais cachée sous une table, derrière les rideaux. » ; « Ma grand-mère allait à l’église vingt-sept jours par semaine. » L’hommage à son père sera rendu via un Ghetto child d’anthologie, au cours duquel elle descendra chanter sans micro au milieu du public, lequel explosera en applaudissements admiratifs. En rappel, un 2 am solide à souhait finira de mettre la salle à genoux. Exceptionnel.

 


Shemekia Copeland

 


Willie Scandlyn

 

Merci à Armand Meignan et Alain Hovasse pour leur programmation et à l’année prochaine.

Texte et photos : Christophe Mourot