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Live reports / 04.12.2013

SoBlues Festival

Encore une belle édition du SoBlues Festival dirigé par Armand Meignan qui commence le 19 novembre avec une soirée gospel. Naomi Shelton and the Gospel Queens vont transformer la salle L’Eolienne à Arnage en église le temps d’un concert éblouissant. En ouverture, Fred Thomas à la basse, Gabriel Caplan à la guitare, Cliff Driver aux claviers et Rudy Albin à la batterie chauffent la salle avec deux titre funky dont un Pass the peas dédié à James Brown, feu employeur de Fred Thomas. Les Gospel Queens, Amy Birnbaum, Edna Johnson et Bobby Jean Gant, les rejoignent avant que Naomi Shelton apparaisse, marchant difficilement mais le regard vif et la voix en pleine forme comme les premiers mots qu’elle prononce dans le micro le prouvent. Instantanément, les poils se dressent sur les bras des spectateurs, maintenus en position par les chœurs des trois Queens. Des voix pareilles sur de la musique soul, c’est le frisson garanti, on peut même oublier, si on le souhaite, le contenu des paroles, mais ce serait passer à côté de ce qui nourrit l’énergie du groupe et lui permet de nous la restituer avec une telle efficacité. Le CD de 2009 sert de base au répertoire, le hit What have you done, my brother? sonnant comme un hymne. Si Naomi garde la vedette, elle laisse la place aux choristes, chacune prenant un titre en leader, toutes se rejoignant dans une autre chanson dont elles prennent un couplet tour à tour. Naomi et son groupe transcendent tout ce qu’ils touchent, A change is gonna come est dynamisé, et même le rappel avec l’ultra rabâché Oh happy days va passer comme une lettre à la poste divine. Une soirée apaisante et, miracle du gospel, pendant ce temps-là les Bleus gagnent 3-0.

 


Amy Birnbaum, Edna Johnson, Bobby Jean Gant, Gabriel Caplan, Naomi Shelton

 


Rudy Albin, Naomi Shelton, Fred Thomas, Cliff Driver

 

Le mercredi, le festival se déplace à la salle Henri Salvador de Coulaines pour la grande soirée blues avec Thomas Ford en première partie et Lurrie Bell en vedette. Les concerts de Thomas se suivent et se ressemblent, laissant les spectateurs abasourdis face à sa fraîcheur, sa puissance, son sens du blues, sa présence scénique et son contact plein d’autodérision. Les titres phares de ses deux derniers CD remplissent aisément un set qu’il conclut en rappel avec I can’t be satisfied et Bottle it up and go. Une fois de plus, le public dévalise son stock de CD dans la foulée.

 


Thomas Ford

 

Avec Lurrie Bell, c’est le grand blues qui monte sur scène. Accompagné de Russ Green à l’harmonica, Melvin Smith à la basse et Willie Hayes, toujours aussi bien habillé, à la batterie, Lurrie va passer en revue un répertoire de classiques qu’il habite avec une telle authenticité que ce qui aurait pu passer pour scolaire et galvaudé avec d’autres s’insinue en nous pour générer un feeling blues désormais rare. Jugez plutôt : I need your love, Woke up this morning, Five long years (le frisson a commencé là, quelle intro !), Everything gonna be alright, Hoochie coochie man, Kansas City, I’m ready, Rock me baby, Crosscut saw, Let’s talk about love, Don’t you lie to me, Got my mojo working. Chaque morceau est construit de la même façon, intro, couplet, refrain, solo de guitare, solo d’harmonica, couplet, refrain, solo de guitare, fin. Russ Green est souvent somptueux, sans aucun effet pyrotechnique, Willie Hayes est facétieux comme jamais, étant quasiment le seul à animer la scène, par les mouvements de ses bras, ses mimiques, ces regards qu’il plante gentiment dans le dos des autres. Chaque solo de Lurrie contient assez de matière pour faire deux ou trois bons solos pour beaucoup d’autres guitaristes. Pas d’esbroufe, seulement du feeling.

 


Lurrie Bell

 


Lurrie Bell, Russ Green, Willie Hayes, Melvin Smith

 

Nous ne verrons pas Big Daddy Wilson le jeudi soir ni Thomas Schoeffler et Mathis Haug le vendredi soir et c’est bien dommage.

Le samedi est l’occasion de voir, ou revoir, Sandra Nkaké à la salle des Saulnières du Mans. Avec Jérôme Dru, flûte et voix, Mathieu Ouaki, guitare, Armel Dupas, clavier, Kenny Ruby, basse et Thibaut Brandalise, batterie, la belle va enflammer la scène et le public qu’elle incitera à venir danser à ses pieds dès le début de la soirée. Le répertoire de son disque “Nothing For Granted” change de dimension sur scène, explosant littéralement sous la force de l’énergie déployée par le groupe. Soul, funk, folk, chanson française, sont enveloppés dans une grosse dose de rock tout en tension-détente. Le spectacle n’est pas seulement l’œuvre des six présents sur scène mais aussi des techniciens lumière et son dont les effets apportent une dimension supplémentaire, souvent dramatique, qui vient chercher le public pour l’intégrer au show. La voix puissante de Sandra sait se faire plus douce, avec un agréable et léger voile, mais aussi plus grondante, avant de se libérer au rythme de chorégraphies souvent débridées.

Le tout est difficilement classable mais l’effet cathartique a joué car on se sent bien !

 


Sandra Nkaké

 


Mathieu Ouaki, Thibaut Brandalise, Sandra Nkaké, Kenny Ruby, Jérôme Dru, Armel Dupas

 

Texte et photos : Christophe Mourot