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Live reports / 05.09.2016

Sharon Robinson

Petit public pour ce concert de rentrée au New Morning, mais il faut dire que le nom et la musique de Sharon Robinson restent largement méconnus, bien qu’elle ait publié deux albums personnels. En fait, c’est surtout pour sa collaboration avec Leonard Cohen, en tant que choriste régulière mais aussi coauteure et coproductrice, qu’elle est renommée. Cela ne suffirait pas à justifier l’intérêt de Soul Bag, si elle n’était pas aussi la signataire de chansons pour des artistes comme Bettye LaVette, les Temptations, Patti LaBelle, Diana Ross, Brenda Russel, Aaron Neville, Randy Crawford et bien d’autres.

La première partie, plutôt incongrue, est assurée par une jeune artiste, Fiona, seule avec ses machines et ses percussions. Si son électro pop diaphane ne manque pas de charme, elle semble se demander autant que le public ce qu’elle fait là…. Sharon Robinson fait ensuite son entrée, vêtue d’un tailleur noir sobre. Au contraire de sa prestation précédente au New Morning, l’année dernière, c’est seule qu’elle se présente, s’accompagnant (parfois avec l’aide de quelques bandes) au clavier et, occasionnellement, aux percussions. Sans surprise, le répertoire provient pour l’essentiel des deux disques personnels de Robinson, auxquels s’ajoutent quelques-uns des titres qu’elle a cosigné avec Leonard Cohen, comme le superbe In my secret life ou Boogie street, ainsi que The high road, écrit pour Bettye LaVette. La seule exception est une belle version de Way down in the hole de Tom Waits, qui clôt le premier set.

Musicalement, l’ambiance est plutôt calme et sophistiquée : la totalité du répertoire est constitué de ballades élégantes, comme Caffeine ou Sustenance, que Robinson interprète avec une voix qui évoque, en plus grave, celle de Brenda Russel. Il faut attendre le dernier titre, Everybody knows, sans doute sa co-composition avec Cohen la plus connue, pour que le tempo s’accélère légèrement. Malgré un public particulièrement peu réceptif – au point que Robinson finisse par demander si les gens comprennent ce qu’elle dit, faute de réaction –, une belle soirée qui marque une belle découverte et une artiste qui pourrait toucher un large public.

Frédéric Adrian