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Hommages / 25.09.2021

Sarah Dash (1945-2021)

Entre la diva Patti LaBelle et la tapageuse Nona Hendryx, Sarah Dash faisait figure d’élément pondéré au sein du trio haut en couleur LaBelle. Si sa carrière personnelle est restée relativement discrète, elle n’en a pas moins participé à toute l’aventure à rebondissements d’un des groupes vocaux majeurs de l’histoire des musiques afro-américaines. 

Née à Trenton, dans le New Jersey, dans une famille très religieuse – son père est pasteur –, c’est cependant la musique séculière qui l’attire immédiatement, et elle forme son premier groupe avant même d’être adolescente. Installée à Philadelphie quelques années plus tard, elle participe vite à la scène girl groups de la ville avec son amie Nona Hendryx, également originaire de Trenton. En 1961, les deux jeunes filles s’associent à deux autres chanteuses, Patricia “Patsy” Holte et Sundray Tucker au sein des Ordettes. Si Tucker quitte rapidement le groupe – elle rejoindra plus tard le groupe de Stevie Wonder et mènera une carrière personnelle, notamment sous le nom de Cindy Scott –, elle est vite remplacée par Cindy Birdsong, alors que le quatuor se rebaptise les Bluebelles, puis, après que Holte se soit rebaptisée, Patti LaBelle and the Blue Belles. 

Si le premier disque paru sous le nom des Bluebelles, une version du standard I sold my heart to the junkman, n’est pas réellement chanté par elles, les quatre chanteuses ne tardent pas à s’imposer sur scène – elles sont surnommées les Sweethearts of the Apollo, les chéries de l’Apollo – et sur disque, avec une série de succès comme Down the aisle (The wedding song), You’ll never walk alone et Danny boy, sans cependant décrocher de tube majeur. Elles assurent également les chœurs sur le 634-5789 (Soulsville, U.S.A.) de Wilson Pickett. Quand Birdsong quitte le groupe en 1967 pour rejoindre les Supremes, ses collègues décident de continuer en trio. Leur popularité décline progressivement, du fait d’un son vieillissant et malgré quelques tentatives de renouvellement (dont l’adoption au début des années 1970 du nom LaBelle). Le groupe décide alors de se réinventer totalement : avec un nouveau look spectaculaire et, surtout, un nouveau son – produit par Allen Toussaint –, l’album “Nightbirds” et son tube Lady Marmelade sont des immenses succès, qui permettent même au trio d’être le premier groupe vocal afro-américain à faire la une du journal Rolling Stone. LaBelle ne parvient cependant pas à renouveler ce niveau de réussite avec ses deux albums suivants, et les dissensions entre les trois chanteuses sont telles qu’elles se séparent fin 1976.

Nona Hendryx, Sarah Dash, Patti LaBelle © DR

Dash lance sa carrière solo avec un album éponyme et un premier single, Sinner man, qui connaissent un certain succès, mais ses deux albums suivants, ainsi qu’un dernier disque personnel à la fin des années 1980, passent inaperçus. Elle travaille alors essentiellement comme choriste de studio, enregistrant notamment avec les O’Jays, Ray, Goodman & Brown, Nile Rodgers et les Rolling Stones. À la fin des années 1980, elle intègre le groupe all-stars de Keith Richards qu’elle accompagne sur disque (le duo Make no mistake, notamment) et sur scène (et notamment au Zénith de Paris en 1992), où elle chante en solo Time is on my side et interprète la partie de Merry Clayton sur Gimme shelter. Au fil des années, elle recroise sporadiquement sur scène et sur disque ses deux complices (le tube Turn it out en 1995) avant une vraie réunion en 2008 pour l’album à succès “Back To Now” et la tournée qui a suivi. Elle continue ensuite à se produire occasionnellement et à publier quelques titres, même si l’album annoncé en 2011 ne s’est jamais matérialisé. Elle a également publié son autobiographie, Dash of Diva. Deux jours avant sa mort, elle rejoignait une dernière fois Patti LaBelle sur scène pour chanter ensemble Isn’t it a shame, un titre du groupe. 

Frédéric Adrian
Photo d’ouverture © DR

Sarah Dash, Nona Hendryx, Patti LaBelle
Frédéric AdrianLaBelleSarah Dash