Nice Jazz Fest 2024
05.09.2024
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C’est à Xavier Pillac, en format duo avec le batteur-bassiste (à moins que ce ne soit le bassiste-batteur) Antoine Escalier, qu’il appartient d’ouvrir la soirée devant un Bataclan qui, s’il n’est pas totalement rempli, ne manque pas de ferveur. La formule à deux ne facilite pas l’occupation de l’espace, mais Pillac s’en sort bien, en impliquant le public dès le deuxième morceau. Difficile en vingt minutes et quatre morceaux de proposer un show très nuancé, mais le chanteur-guitariste donne une bonne image de sa musique et de ses capacités, alternant soul-blues à la Albert King et Delta blues électrifié à la RL Burnside. Le résultat, en tout cas, ouvre agréablement la soirée et donne envie d’en entendre plus.
Xavier Pillac
Antoine Escalier
Pas de problème de familiarité pour Robin McKelle : le public connaît visiblement bien son répertoire, et c’est dans son dernier album qu’elle puise pour l’essentiel. Malgré l’accompagnement tout à fait au diapason de ses Flytones (qui comptent désormais en leur sein le bassiste Fred Cash Jr., fils du membre des Impressions du même nom), McKelle semble quelque peu en retrait au début du spectacle. Malgré ses indéniables qualités vocales, elle ne semble pas très à l’aise, comme enfermée dans un show trop carré pour sa personnalité volcanique. Il faut dire que, comme bien souvent au Bataclan, elle n’est pas aidée par le son, qui étouffe souvent sa voix lors des premiers morceaux, et par un éclairage peu flatteur.
Robin McKelle, Sax Gordon (s), Julien Alour (tp), Fred Cash Jr. (b)
Benjamin Stivers (p, kbd), Robin McKelle, Fred Cash Jr.
Au bout d’une petite demi-heure, cependant, elle atteint sa vitesse de croisière sur sa spectaculaire reprise de Don’t let me be misunderstood, à laquelle succède le sommet du concert : une version à rallonge de la ballade Forgetting you, tirée du dernier album, qu’elle finit à genoux, prouvant qu’elle n’a rien à envier, ni vocalement ni scéniquement, aux grandes tragédiennes de la soul. Le temps d’une pause-changement de tenue assurée par le toujours excellent Sax Gordon, invité du groupe pour quelques dates, et Miss McKelle est de retour pour quelques titres à l’énergie contagieuse, avant un double rappel très mérité se finissant sur une version parfaitement maîtrisée de Hard to handle, clin d’œil à la soul de Memphis qui a inspiré son dernier album. Plusieurs concerts de Robin McKelle sont annoncés un peu partout dans les prochaines semaines, ne passez pas à côté de l’une des artistes les plus spectaculaires de la scène soul d’aujourd’hui !
Sax Gordon, Fred Cash Jr., Julien Alour, Al Street (g), Adrian Harpham (dm)
Frédric Adrian
Photos © Fouadoulicious