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Brèves / 29.03.2012

RIP Jerry McCain, 1930-2012

Le chanteur et harmoniciste Jerry « Boogie » McCain s’est éteint hier mercredi 28 mars 2012 à Gadsden (Alabama), qui est également sa ville natale, à l’âge de 81 ans. Il avait été hospitalisé trois semaines plus tôt suite à des problèmes cardiaques. Né le 18 juin 1930, il grandit dans une famille où la musique permet d’oublier un peu la misère (son frère Walter deviendra un bon batteur), et il apprend l’harmonica très tôt, à seulement 5 ans. Durant des années, il se produit localement et joue dans les rues où il récolte son surnom « Boogie », tout en rêvant de rencontrer son idole, Little Walter. Cela se produit un jour de 1953 quand l’harmoniciste de Chicago fait étape à Gadsden, et McCain a même l’insigne honneur de « bœufer » avec son maître… Cette même année, au restaurant que tient son père sur l’Avenue H (son lieu favori pour jouer), McCain décide que le temps est venu d’enregistrer ses premières faces. Ce sera pour Trumpet, le célèbre label de Jackson au Mississippi, avec donc son frère Walter aux fûts sur un single qui comprend East of the sun et un titre qui deviendra fameux dans son répertoire, Wine-o-wine… Après six autres morceaux pour Trumpet (dont deux non sortis) l’année suivante, on le retrouve de 1955 à 1957 chez Excello puis chez Rex (avec She’s tough en 1962, qui sera repris par les Fabulous Thunderbirds), chez Okeh, chez Jewel à la fin des années 1960, et d’autres de moindres renom… Toutefois, bien que McCain soit alors un artiste accompli et respecté de ses pairs, il vit difficilement de sa musique au point de quasiment se retirer, se contentant d’enregistrer quelques albums sur des labels à diffusion réduite (Romulus, Zeus, Robox, Gas…). La suite de son histoire nous est plus familière. À la fin des années 1980, grâce au label Ichiban, il revient sur le devant de la scène avec plusieurs CD réussis, dont « Blues ‘N’ Stuff » (1989), « Love Desperado » (1991), « Struttin’ My Stuff » (1992), la série est longue… Il obtient une consécration méritée en 2000 avec le formidable CD « This Stuff Just Kills Me » (Jericho, notre photo), sur lequel il vole avec maestria la vedette à des artistes de la stature de John Primer, Johnnie Johnson, Anson Funderburgh et autre Jimmie Vaughan. Il faut dire que sur disque comme sur scène, toutes ses qualités s’expriment pleinement alors qu’il est déjà septuagénaire. Ainsi, on n’oubliera jamais sa malice vocale, son humour décapant, son dynamisme face au public, enfin son jeu d’harmonica peu démonstratif mais hautement expressif qui en fait un des grands de son époque à l’instrument. Jerry McCain était une véritable « star » dans sa bonne ville de Gadsden (il s’y produisait encore juste avant son hospitalisation), mais il mérite une reconnaissance sans frontières.

Daniel Léon