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Brèves / 28.02.2012

Red Holloway imite Louisiana Red

Il ne faisait pas bon porter le pseudonyme « Red » samedi dernier. En effet, à l’instar de Lousiana Red, le saxophoniste et chanteur Red Holloway a choisi ce même 25 février 2012 pour rejoindre le paradis des musiciens, en outre pour des raisons similaires (attaque et insuffisance rénale). Holloway s’est éteint à 84 ans à San Luis Obispo, une ville californienne située entre Los Angeles et San Francisco. Tout au long d’une carrière débutée durant la Seconde Guerre mondiale et qui se poursuivait, il a joué un rôle de premier plan dans le jazz (style auquel on l’associe en priorité), mais aussi dans le blues et le R&B (un aspect trop ignoré du personnage). James « Red » Holloway naît le 31 mai 1927 à Helena (Arkansas), de « parents enfants », son père ayant 17 ans et sa mère 13… Mais ils sont musiciens et Holloway apprend très jeune l’harmonica, le banjo et le piano, sans doute au moment où il ‘intalle avec sa mère à Chicago : nous sommes en 1932 et il n’a que 5 ans ! Il vient au saxophone en 1939 et débute professionnellement seulement quatre ans plus tard, dans le big band du bassiste Eugene Wright. Au retour de son service militaire, s’il travaille avec des jazzmen (dont Dexter Gordon), il est engagé en 1948 par le chanteur et pianiste Roosevelt Sykes pour une tournée. L’opération lui vaut d’être repéré par les bluesmen de Chicago, et il œuvre ainsi auprès de Muddy Waters, Jimmy Rushing, Eddie « Cleanhead » Vinson et Memphis Slim, mais aussi avec Chuck Berry et Aretha Franklin pour ne citer que les plus notoires. Et côté jazz, ce n’est pas mal non plus avec Ben Webster, Sonny Rollins, Lester Young ou bien George Benson… Son éclectisme s’explique : au ténor et à l’alto, il alterne phrasé torride et lignes harmonieuses presque lyriques, au service d’une modernité et d’une polyvalence peu courantes. En 1967, il s’installe à Los Angeles, assure en quelque sorte la direction artistique du Parisian Room dont il est également membre du house band. Au milieu des années 1970, on le retrouve présent sur les enregistrements du duo alors formé de B. B. King et Bobby Bland, puis il s’associe peu après avec le saxophoniste de jazz Sonny Stitt. Plus près de nous, au tournant des années 1990 et 2000, il a contribué à trois CD d’Etta James (décédée un mois plus tôt et à laquelle nous consacrons le dossier central de notre prochain numéro), « 12 Songs Of Christmas », « Heart Of A Woman » et « Blue Gardenia ». Parallèlement, il tourne inlassablement et avec enthousiasme sur les festivals de blues (notre photo le montre au Chicago Blues Festival en 2008) et de jazz. Ainsi, à Vienne en juillet 2009, nous avions vu un jeune homme de 82 ans plein d’envie, d‘humour et de fraîcheur au sein des Kevin Mahogany’s Kansas City Revue & the Godfathers of Groove… Auteur de « seulement » une quinzaine d’albums sous son nom, Red Holloway a surtout beaucoup donné aux autres et aux musiques. Jazz ? Blues ? R&B ? Allons, peu importe. Nous venons bien de perdre un maître musicien.
Daniel Léon