Robert Finley + Lowland Brothers, La Maroquinerie, Paris
01.12.2023
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Belle affiche mais petit public dans la salle de l’Odéon de Tremblay-en-France – un des rares lieux en Ile-de-France à accorder une vraie place au blues dans sa programmation, et ce depuis de longues années –, pour cause de match de foot (spoiler : c’est le Quatar qui a gagné). Une fois de plus, les absents ont eu tort…
En ouverture, c’est le groupe Mercy, un des vétérans de la scène française qui fête cette année ses vingt ans, qui chauffe le public avec son blues-rock efficace. Toujours mené par l’inaltérable Jean-Paul Avellaneda, le groupe se présente cette fois-ci en trio et propose une bonne heure de musique originale qui semble renvoyer aux grandes heures du pub rock british – auquel le look costume cravate du leader semble d’ailleurs renvoyer. Dommage que le chant en anglais ne soit pas tout à fait à la hauteur de l’enthousiasme des musiciens.
Mercy
Après la pause, changement de décor : c’est l’orgue Hammond de Raphael Wressnig qui s’installe à l’avant-scène. Impossible pour lui d’emmener en tournée le générique de luxe de son dernier album enregistré à La Nouvelle-Orléans, “Soul Gumbo”, donc c’est l’équipe du disque précédent, “Soul Gift”, qui est de la partie. On ne perd pas exactement au change, puisque, outre Wressnig et son excellent batteur habituel Silvio Berger, le groupe accueille Alex Schultz à la guitare (entendu avec William Clarke et Rod Piazza, entre autres) et l’omniscient Sax Gordon à son instrument titulaire, auxquels s’ajoute la voix de celle qui est probablement la plus grande chanteuse chicagoane en activité, Deitra Farr. Tous sont des habitués des scènes françaises, mais impossible de se lasser de les entendre tant chacun, dans son domaine, fait preuve d’une créativité toujours renouvelée.
Alex Schultz
Sax Gordon
C’est en quatuor que le concert commence, avec quatre titres instrumentaux extraits du disque louisianais de Wressnig (l’irrésistible Mustard Green) et de “Soul Gift” (Wichita Lineman). À part le batteur, aussi solide que discret, tous les musiciens alternent les solos, l’expressivité spectaculaire de Gordon – incapable de rester en place plus de quelques instants – contrastant avec l’attitude imperturbable de Schultz qui semble chercher à éviter de se faire remarquer autrement que par son jeu impeccable, tant en rythmique qu’en solo. Une balance favorisant trop la guitare – au détriment de la subtilité du jeu de Schultz – est d’ailleurs le seul point négatif de ce concert. Quant à Wressnig, leader partageur, il est totalement impérial à l’orgue, évitant les effets faciles, en digne successeur des Jimmy McGriff et Jack McDuff.
Silvio Berger et Raphael Wressnig
Deitra Farr
L’arrivée de Deitra Farr ne fait qu’ajouter quelques degrés à la température de ce qui se concocte sur scène. Si elle semble avoir quelques difficultés se déplacer et chante la plupart du temps assise, l’ancienne chanteuse de Mississippi Heat n’a rien perdu de ses capacités vocales ni de son tempérament volcanique. Son répertoire mêle quelques titres de ses albums solos et les morceaux enregistrés avec Wressnig pour le projet “Soul Gift”. À part un blues classique un peu poussif et une reprise de Ain't nothing like the real thing qui peine à décoller (et l’absence de réaction du public sur ce titre n’aide pas !), le résultat est étincelant, et la complicité entre la chanteuse et ses accompagnateurs leur permet de faire merveille.
Frédéric Adrian
Photos © J-M Rock'n'Blues
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