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Live reports / 25.08.2016

Porretta Soul Festival

Le trentième festival soul de Porretta Terme (Italie) aura lieu du 20 au 23 juillet 2017. Réservez dès à présent votre chambre d'hôtel ou votre emplacement de camping : dans ce bourg d'Emilie-Romagne de quelques milliers d'habitants, il n'y en aura sans doute pas pour tout le monde. Et ceux qui ont déjà goûté aux charmes de ce rendez-vous annuel avec la soul sudiste américaine savent que ce qui se déroule autour du Rufus Thomas Park pendant quatre jours n'a pas d'équivalent en Europe. D'autant que si la trentième édition est aussi bonne que la vingt-neuvième, ça promet.

Jeudi 21 (par Alain Jacquet)

Cette première soirée offrait une excellente mise en bouche. D’abord avec les bands d’universitaires Soul Confluence et Groove Trader qui viennent de Denver. Si on reste sur notre faim côté feeling, il faut reconnaître les compétences techniques de ces musiciens qui jouent et chantent avec beaucoup de conviction. Mais les choses sérieuses vont commencer avec le Turrini-Guidi-Veronesi trio. Accompagnée par l’organiste Mecco Guidi et le batteur Lele Veronesi (excellents), la chanteuse Gloria Turrini, présente un set de haute volée porté par sa belle voix et un répertoire de choix qui fait preuve d’un bel éclectisme : Etta James (All I could do was cry), Ray Charles (I don’t need no doctor), ou Billy Joel (New York state of mind) et aussi leurs propres compositions. Pour ma part, j’ai craqué sur une belle version en italien du Cry to me de Solomon Burke. Gloria Turrini, une vraie découverte.

 


Gloria Turrini © Alain Jacquet

 

Programmés déjà plusieurs fois sur le festival, le duo James & Black (Bruce et Bella) est présent cette année pour présenter un Tribute to Allen Toussaint. Mission réussie, leur deux voix (dont celle bien grainée de Bruce James) se conjuguent très bien pour chanter les belles mélodies du génial Néo-Orléanais. Nous aurons ainsi droit, entre autres, à des interprétations de choix de Night people, Working in the coal mine, Southern nights, ainsi qu'une superbe version de It’s raining, titre de Toussaint immortalisé par Irma Thomas. Un petit reproche cependant : des cuivres auraient certainement apporté du liant à l’ensemble. Mais vraiment beaucoup de plaisir à écouter et à voir ce duo.

 


James & Black © Alain Jacquet

 

Autre habitué du festival, l’orchestre de l’organiste Fabio Ziveri : Groove City. Véritable couteau suisse, cette formation accompagne une flopée de musiciens américains qui tournent en Italie. Le groupe vient de sortir un CD, “Road To Memphis”, avec des invités dont certains sont présents ce soir telle la plantureuse chanteuse de Palerme Daria Biancardi. De belles mensurations et une voix exceptionnelle ne laissent pas le public indifférent… À retenir, un bon duo avec le MC du festival  Rick Hutton sur le Who’s making love de Johnnie Taylor (un titre qui est devenu à la mode à Porretta). Nous reverrons avec plaisir pour un titre très funky l’excellent Bruce James. Lui succède le chanteur de Memphis Jerry Jones. Il est connu pour avoir participé au LP “The Edge” d'Ike Turner. Ce soir il se distingue avec une reprise de You got me hummin' de Sam & Dave. C’est sympa mais pas transcendant. Pour conclure le show, Daria Biancardi revient mettre le feu avec une bonne version de Respect. Très bon concert d’ouverture qui a permis d’entendre et de découvrir d’excellents musiciens et chanteuses italiens.

 


Fabio Ziveri © Alain Jacquet

 


Diar Biancardi © Alain Jacquet

 


Jerry Jones © Alain Jacquet

 

Vendredi 22 (par Julien Crué)

La logique de la programmation du festival, conçue par le maestro Graziano Uliani, est parfois bien mystérieuse. Fred Wesley & The New JBs, c'est l'héritage de James Brown, c'est du funk instrumental et c'est assez éloigné du blues de Bobby Rush, la tête d'affiche, et de la dance music de George McCrae, invité surprise. Mais Wesley et son groupe, en apéritif d'une soirée qui promet, c'est bien, très bien. Et, en pleine tournée européenne, il eût été dommage de se priver d'une telle visite. À 73 ans, le tromboniste joue désormais assis sur un haut tabouret, mais au milieu de ses jeunes musiciens, il est comme un poisson dans l'eau. Son show d'une heure est l'un des très rares, cette année à Porretta, à se dérouler en l'absence du groupe-maison, le formidable Bey Paule Band.

 


Fred Wesley

 


Reggie Ward, Phillip Whack, Bruce Cox, Fred Wesley

 

Anthony Paule et ses acolytes ont beau venir de la côte Ouest des États-Unis, ils jouent parfaitement, à mon sens, le soul-blues tel qu'il résonne depuis des décennies entre Chicago, le Mississippi et le Texas. Peut-être aurais-je aimé davantage de détente (entre la tension) lors de cette soirée, mais patience, ça va venir. Theo Huff sait ce que sont un guitariste et un groupe de grande classe : depuis près de dix ans dans sa ville natale de Chicago, il joue avec le Platinium Band de “Hollywood” Scott, anciens accompagnateurs de Tyrone Davis et partenaires réguliers du regretté Otis Clay. Theo Huff est un jeune homme fougueux de 28 ans. Il a son propre répertoire mais reprend aussi (très bien) des classiques de Johnnie Taylor (Last two dollars) et consorts. Excellent entertainer, voix puissante et modulable à souhait. À suivre.

 


Tom Poole, Anthony Paule, Derek James

 


Stan Mosley, Theo Huff

 

Stan Mosley lui aussi est de Chicago, mais d'une autre génération. Né dans la Windy City en 1952, il a travaillé aux côtés de Cicero Blake puis enregistré une demi-douzaine d'albums, dont trois ont paru sur Malaco (attention à ne pas le confondre avec Sam Mosley du duo Mosley & Johnson, auteurs chez Malaco pendant plusieurs années). Désormais installé à Houston, dans le Texas, Stan a publié ses disques les plus récents sur le label CDS de Carl Marshall. Sur scène, très élégant et acéré, il s'exprime dans un registre assez dur, d'une voix rocailleuse très prenante, capable aussi de monter dans les aigus. Parmi ses références figure en bonne place l'immense Bobby Womack dont il reprend ce soir-là pas moins de trois titres (Woman's gotta have it – quel cri ! –, Harry hippie – avec l'un des plus beaux “sha-la-la” du monde – et Lookin' for a love – du temps des Valentinos). Avec d'autres (Mel Waiters, Ernie Johnson, etc.), il incarne la permanence d'un style basé sur le feeling et l'échange, une soul sudiste qu'il est extrêmement rare d'entendre non-dénaturée de ce côté-ci de l'Atlantique.

 


Stan Mosley

 

Et puis il y a George McCrae. Pétillant, sautillant, chemise noire, costume et chaussures rouges (même tenue que sur son nouvel album, “Love”), il a beau arpenté les scènes du monde entier depuis plus de quarante ans, il sait que la partie n'est pas gagnée. Qui se souvient vraiment qu'il est l'interprète de ce Rock your baby sur lequel tout le monde, ou presque, a dansé ? Qui sait que son proto-disco, en fait, c'est de la soul et qu'elle vient du Sud, de Miami, en Floride ? Comment peut-on imaginer qu'il chante encore merveilleusement, de cette voix haute et tendre dont on aurait tort de se moquer ? Alors George fonce, il enchaîne titres anciens et nouveaux, et nous subjugue. Formidablement épaulé par Roger Heijster, ce guitariste néerlandais coproducteur de “Love”, George McCrae est heureux d'être à Porretta – une première pour lui – et quand le public commence à danser devant la scène, c'est bon. Prince du falsetto, il reprend, avec une infinie tendresse, le It's all right du maître Curtis Mayfield, époque Impressions. Puis revient à des préoccupations plus charnelles : après I get lifted et Sexy woman tout à l'heure, voici enfin… « une chanson que vous devez connaître. Ce n'est pas ma chanson, c'est votre chanson » : Rock your baby. Les cuivres du Bey-Paule Band s'en donnent à cœur joie, la guitare de Roger confère, comme celle de Jerome Smith autrefois, une impulsion irrésistible. Une jolie jeune femme danse sur scène, mais George n'en a pas que pour elle. C'est bon, le pari est gagné. Bravo George et Roger. Applaudissements pour le band, impeccable. Et bravissimo Graziano d'avoir osé une telle invitation.

 


George McCrae

 

Samedi 23 (par Julien Crué)

Avec Vasti Jackson, du Mississippi, le blues est dans la place. Un blues électrique, énergique, joué par un chanteur et guitariste attachant et déroutant : alors qu'il porte un costume et un chapeau sobres et urbains, ses références sont rurales (le juke joint, le poulet frit). “Guitar hero”, il sera le seul, de tout le festival, à s'offrir une montée-descente (efficace) dans les rangs du public. Il joue aussi bien Hoochie coochie man qu'une belle composition soul-blues dans la veine de Johnnie Taylor (I'm so glad). Très engageant, il déclare sa flamme à toutes les femmes italiennes et prend date : on se voit tout à l'heure avec la tête d'affiche du festival, son partenaire depuis trente-cinq ans, Bobby Rush.

 


Vasti Jackson

 


Vasti Jackson

 


Vasti Jackson

 

En attendant, voici celui que le groupe d'Anthony Paule connaît le mieux, Frank Bey. L'an passé, le chanteur, désormais septuagénaire, nous avait paru un peu fragile et désorienté, chantant souvent assis. Cette fois, pas d'inquiétude : il laisse sa canne au vestiaire et nous régale en piochant dans le beau répertoire de ses trois albums enregistrés en compagnie du Bey Paul Band. Touchant. Quel bonheur aussi d'entendre Hard times de Brother Ray (Frank Bey sait de quoi il parle). Et puis, immense séquence émotion quand vient le tour du batteur, Derrick “D'Mar” Martin, de prendre un solo. Ce jeune homme originaire de Jackson, Mississippi et qui accompagne Little Richard depuis quinze ans, est extraordinaire : je n'ai jamais vu un musicien porter une telle attention au jeu de ses partenaires. Il ne quitte par Anthony Paule des yeux et conserve sa fraîcheur intacte malgré les longues heures passées sur scène. Et son solo ? Jamais vu ça non plus. Un pylône de bord de scène (sur lequel il grimpe), sa propre bouche, le gobelet d'une bière, la guitare du leader : avec lui, tout est percussion, et jamais la démonstration ne vire à la gratuité. Wow !

 


Anthony Paule, Frank Bey, Derrick Martin

 


Anthony Paule, Frank Bey

 


Derrick Martin

 


Derrick Martin

 


Derrick Martin

 

Une pause. Graziano Uliani, le patron du festival, monte sur scène. Pour remettre une récompense à un non-musicien, à un Britannique longtemps installé aux États-Unis, David Nathan.  Le “British Ambassador of Soul”, ancien du magazine Blues and Soul, est plutôt un spécialiste des divas, de Nina Simone et de la soul pop. Mais Porretta se moque des frontières et des barrières entre les genres. Tout comme, d'ailleurs, il n'y a aucune barrière, dans le Rufus Thomas Park, entre la scène et le public. Comme quoi, c'est possible.

 


Rick Hutton, Graziano Uliani, David Nathan

 

Ensuite, la musique reprend ses droits, avec Jerry Jones, de Memphis. C'est très bien, dans un répertoire de reprises Stax et consorts. Avec Theo Huff, ils se la jouent Sam & Dave, et on s'amuse follement.

 


Nancy Wright, Jerry Jones

 


Theo Huff

 

Rien, cependant, ne nous préparait au vent de folie qu'allait faire souffler John Ellison sur notre coin de vallée d'Emilie-Romagne. Malgré le succès de sa chanson Some kind of wonderful (avec Soul Brother Six, en 1967, sur Atlantic), ce chanteur et guitariste est aujourd'hui assez oublié et ses disques quasi-introuvables. Sauf qu'à 75 ans, il est en pleine forme. Avec sa petite guitare électrique, ses sandales et sa large tunique d'inspiration africaine, il détonne. Surtout, il y a sa voix, proche du falsetto, son énergie, qui va nous emmener très loin, et sa spiritualité qui transparaît dès le premier titre. Thank you (Falettinme be mice elf again), de Sly & The Family Stone, donne le ton. Je crois ne pas connaître les autres chansons, mais elles me parlent instantanément. Where do I go from here?, Oh baby baby (?) et… Some kind of wonderful, interprété comme si c'était la première et la dernière fois. Ça dure, on met un pied sur le seuil de l'église (« Can I get a witness? »), on se demande ce qui peut se passer. Le calme avant la tempête. Les interventions de la saxophoniste ténor Nancy Wright ne sont pas pour rien dans la tension qui monte. Et voici Shout ! 1959, les Isley Brothers, près de 4 minutes 30 à l'époque, et son « hey hey hey hey » mille fois entonné depuis. Ellison a fait tomber le haut de sa tunique, il est torse nu, allongé, assis, demande à une spectatrice d'essuyer la sueur de son front. On n'en revient pas. Qui le fera revenir sous nos contrées ?

 


John Ellison

 


John Ellison

 


John Ellison

 

Autre question, immédiate celle-là : comment passer derrière une telle furie gospel ? Pas de soucis pour Toni Green et Theo Huff. Et encore moins pour Bobby Rush : accompagné de sa danseuse Mizz Lowe et de son guitariste Vasti Jackson, le roi du chitlin' circuit sait faire ! Push and pull, pour commencer, est fort à propos : c'est un titre de Rufus Thomas. Le reste est funk (That thang), blues (Got me accused, extrait de son nouvel album), drôlissime (son imitation grotesque d'Elvis Presley). L'univers de Bobby Rush est fait d'emprunts et de rendus. Il est unique. À demain.

 


Toni Green, Theo Huff

 


Nancy Wright, Bobby Rush

 


Bobby Rush, Anthony Paule, Miss Lowe, Vasti Jackson

 


Anthony Paule, Bobby Rush

 


Bobby Rush

 


Nancy Wright, Bobby Rush, Derek James, Anthony Paule

 

Dimanche 24 (par Alain Jacquet)

Dès onze heures, la terrasse de l’hôtel Helvetia est comble pour la traditionnelle conférence de presse. Au programme, la présentation de la collection “Soul Books”, dix livres prévus sur les plus grands artistes de soul. À ce jour deux volumes ont paru, ceux sur Al Green et Aretha Franklin. L’autre point de cette conférence, c’est la présentation avec écoute en avant-première du nouveau CD de Bobby Rush “Porcupine Meat”, à paraître chez Rounder le 16 septembre prochain. Tour à tour Bobby Rush et son producteur Scott Billington prennent la parole pour expliquer la genèse de la conception du disque. Bobby Rush insistant particulièrement sur son côté louisianais. Après écoute, on peut déjà dire que c'est une franche réussite (dont nous parlerons en détail dans le prochain Soul Bag).

 


Bobby Rush, Scott Billington

 

Après une longue pause déjeuner les festivaliers se retrouvent pour assister à l’épilogue de cette édition. L’ouverture de la soirée est dévolue à Andréa Pizzuti et Claudio Vignali avec un set instrumental dédié principalement aux titres d’Otis Redding. Agréable à écouter. Ensuite, retour du Bey Paule Band qui va se charger comme les soirs précédents d’accompagner tous les artistes pour des mini sets. Le premier à passer est le guitariste Vasti Jackson qui va encore tirer son épingle du jeu en présentant un set très tonique, ou son jeu de guitare soulève l’enthousiasme du public. Lui succède la jeune Falisa Janaye, chanteuse représentant la “nouvelle génération” de la soul. Comme le vendredi, c’est un show à cent à l’heure où Falisa se montre très active. Elle aussi rencontre un beau succès. Le chanteur de Memphis Jerry Jones revient pour deux interprétations convaincantes de Cry to me et You got me hummin' avant de passer le relais à Frank Bey. Ça fait trois éditions que Bey figure parmi les artistes les plus intéressants du festival, de par sa voix, son charisme et le choix de ses chansons. Encore une fois, il est plébiscité par le public.

 


Derek James, Anthony Paule, Falisa Janaye

 


Vasti Jackson

 


Vasti Jackson, Derrick Martin

 


Derrick Martin

 

Le clou de cette édition, c’est John Ellison. La veille il a cassé la baraque avec Some kind of wonderful et une version d’enfer de Shout ; ce soir il nous la fait plus cool mais cela ne l’empêche pas de faire un tabac. Stan Mosley confirmera quant à lui l’excellente impression qu’il avait faite le vendredi.

 


John Ellison

 


Derek James, Anthony Paule, Stan Mosley

 

Pour Toni Green, pas de surprise, à Porretta elle a son public et elle fait toujours un triomphe. Ce n’était pourtant pas facile de passer derrière John Ellison ou Stan Mosley, mais elle a fait le job. Le chanteur de Chicago Theo Huff a lui aussi réussi un bon set, préparant le terrain pour George McCrae. Reconnaissons que beaucoup d’amateurs de soul des années 70 sont passés à côté d’artistes comme lui que nous considérions comme de vulgaires interprètes “disco” sans aucune valeur. Eh bien quelle erreur ! Car quel chanteur, quel charisme ! Et comment résister au rythme chaloupé de Rock your baby ? La grande classe !

 


Toni Green

 


George McCrae

 

Place ensuite à Bobby Rush à qui revient l’honneur de clôturer ce festival.  À 82 ans il paraît toujours en forme, dansant avec Mizz Lowe, chantant et jouant de l’harmo avec fougue. Cet ultime passage est plus axé sur le blues que celui du samedi qui était davantage soul. La présence de Vasti Jackson au sein de l’orchestre apporte un réel plus à la musique de Rush. Puis Vasti Jackson et Anthony Paule se lance dans une “guitar battle” et ça fait mal ! Rush termine avec ce qui lui sert de rappel, The Blues is alright, où il est rejoint par tous les participants pour une dernière ration de musique qui déménage. Final de rêve pour une vingt-neuvième édition particulièrement réussie.

 

Texte : Julien Crué et Alain Jacquet

Sauf mention, photos © Brigitte Charvolin

 


Anthony Paule, Vasti Jackson

 


Anthony Paule, Bobby Rush, Vasti Jackson

 


Bobby Rush, Stan Mosley, Frank Bey

 


Bobby Rush, George McCrae

 


Derek James, Vasti Jackson, Miss Lowe, Frank Bey

 


George McCrae, John Ellison, Vasti Jackson

 


Falisa Janaye, George McCrae, John Ellison 

 

Rendez-vous en juillet prochain. En attendant, on pourra voir et revoir tous ces concerts grâce à Lepida TV.

 

 

Bonus : le coup de cœur de notre photographe

Coup de cœur pour le Bey Paule Band qui de répétition en concert, près de sept heures quotidiennes pendant trois jours, a non seulement assuré ses propres sets mais aussi accompagné avec classe et brio les différents invités. Et c'est l’un des groupes les plus enthousiasmants que l’on puisse entendre. Tout est excellent. Anthony Paule est un leader efficace qui sait faire donner le meilleur d’eux même à ses musiciens tout en instaurant un climat d’entente et de cohésion. La complicité et le plaisir de jouer sont évidents. C’est aussi un remarquable guitariste, au jeu tout en finesse et sans surcharge (et quel son !). Frank Bey est quant à lui un chanteur exceptionnel qui dégage une formidable force émotionnelle. Il est aussi bon dans des morceaux originaux (souvent coécrits par Anthony Paule et Christine Vitale) comme Kiss me like you mean it que dans des reprises comme Ain’t that lovin’ you (Bobby Bland). Et je ne connais pas beaucoup de chanteurs capables de déniaiser Imagine tout en se l’appropriant réellement. La section de cuivre est flamboyante, servie par des arrangements travaillés, ultraswingants, et elle est aussi intéressante en solo avec Nancy Wright au sax ténor (très belle interprétation de Soul serenade), Tom Poole à la trompette et Derek James au trombone. La section rythmique n’est pas en reste avec Tony Lufrano aux claviers, Paul Olgin à la basse et l’incroyable Derrick “D'Mar” Martin à la batterie. Un batteur efficace, souple, inventif qui pousse les solistes, ne les quittant pas du regard, vivant chaque morceau avec une intensité et une fougue spectaculaires. Ces bonds au dessus de la batterie, baguettes croisées sous les jambes ! Enfin, n’oublions pas, le “plus” pour Porretta : les remarquable choeurs de Loralee Christensen et des Sweet Nectar (Maureen Smith et Sue McCraklin). Mémorable.

Brigitte Charvolin

 


Frank Bey

 


Nancy Wright, Tom Poole, Anthony Paule

 


Paul Olgin

 


Derrick Martin

 


Loralee Christensen

 


Maureen Smith

 


Sue McCraklin

 


John Ellison