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Live reports / 21.12.2016

Omar

Confession : cela faisait vingt-quatre ans que je n'avais pas vu Omar sur scène, depuis la première partie d’un concert de Santana de 1992 à la Grande Halle de la Villette… Si sa carrière discographique n’a pas tout à fait confirmé les espoirs qu’il pouvait avoir à l’époque, dans la foulée du succès de There’s nothing like this, il est resté au fil des années une présence constante sur la scène soul britannique, gagnant même le titre de “Godfather of UK soul”. Bien qu’il soit un habitué des lieux – il y était déjà en février dernier –, c’est un New Morning quasi complet qui attend Omar et l’accueille avec ferveur dès qu’il rejoint sur scène son orchestre, composé de musiciens qui l’accompagnent depuis plusieurs années (Darren Abraham (batterie), Colin McNeish (basse), Hawi Gondwe (guitare), Lennox Cameron (claviers, chant), Chris Ballin (chant). Après avoir ouvert en beauté avec Get to know you better, une chanson parue en single en 1992, Omar explore l’ensemble de son catalogue, mêlant titres anciens  comme Music, chanson titre de son deuxième disque, et morceaux plus récents, parmi lesquels quelques titres issus du dernier album – dont il ironisera sur les faibles ventes – et même un extrait de son prochain, à venir en janvier, le prometteur I want to be. Vocalement au sommet, jouant ponctuellement quelques notes de synthétiseur, il est accompagné de musiciens totalement au diapason – particulièrement le choriste Chris Ballin, responsables d’envolées spectaculaires sur Feeling you mais qui la plupart du temps se contente de maintenir le bateau à flot pendant les improvisations vocales de son patron –, qui mettent particulièrement en valeur les titres récents, bien plus convaincants ici, débarrassés de quelques tics de production, comme la chanson titre du dernier album, The man.

Après une quarantaine de minutes sans temps mort, Omar sacrifie au regrettable rituel de l’entracte, mais n’a aucune difficulté à relancer le show pour une deuxième partie qui gagne encore en intensité, avec l’inclusion de deux reprises de goût chantées à pleine voix par un public aux anges, Everybody loves the sunshine, emprunté à Roy Ayers, et Be thankful for what you got de William De Vaughn, qu’il avait enregistrée il y a déjà dix ans en duo avec Angie Stone, qui permet à Chris Ballin de se mettre à nouveau en valeur – et dont Omar rappelle qu’il ne s’agit pas d’une chanson d’Erykah Badu ! Le temps de quelques autres titres, dont un superbe This is not a love song, puis arrive le final attendu sur There’s nothing like this… Omar a à peine le temps de quitter la scène, pendant que le groupe continue à faire tourner la chanson, que les cris du public – que Chris Ballin encourage à chanter « There is nothing like Omar » – le font revenir pour un rappel avec une reprise bien tournée de Fela puis la très jolie Fuck war, make love, dédiée au souvenir des victimes du Bataclan. L’enthousiasme du public est tel qu’Omar revient pour un dernier titre, chanté seul a cappella, qui confirme qu’il est bien, après plus de trente ans de carrière, une des voix qui comptent sur la scène soul internationale. Si les amateurs parisiens ont la chance de pouvoir l’applaudir régulièrement, il serait temps que les programmateurs de festivals pensent à lui…

Frédéric Adrian