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Live reports / 13.06.2017

Nantes in Blues

Le 21 avril, les Lazy Buddies font leur grand retour à Nantes au Zygo Bar, dans une formation modifiée temporairement puisque Guillaume Rousseau est remplacé par Max Genouel à la guitare et que celui-ci laisse en conséquence à la contrebasse à Jeff Vincendeau. Soizig Lebreton est bien là au chant, Dom Genouel à l’harmonica, Nico Fleurance à la deuxième guitare et David Avrit à la batterie. Leur répertoire mélange joyeusement tous les genres de blues, à partir du moment où ils peuvent se jouer en mode jump. De Big Joe Turner à Little Walter, en passant par Bobby Charles ou B.B. King, la palette est effectivement large, unifiée par un talent musical affirmé et bien géré par le partage des interventions instrumentales entre les trois solistes. Soizig est fraîche et impeccable au chant, aidée de temps à autre par des chœurs ou la deuxième voix de Max. Un nouveau disque est annoncé, ce concert en est un alléchant avant-goût. D’autant que je ne reste pas après le premier set, ayant l’intention d’aller écouter le second de Jakez & the Jacks qui passent dans la nouvelle salle du Bal Pop.

 


Jakez & the Jacks

 

Malheureusement, leur concert a commencé à l’heure, un fait très rare à Nantes, et je n’ai pu profiter que des trois morceaux de la fin. Mais ce fut suffisant pour constater que le groupe poursuit sa montée en puissance. Jakez Rolland au chant et à la guitare, Thomas Allain à la deuxième guitare et à l’harmonica, Julien Dubois à la basse et Hugo Deviers interprètent un Chicago blues, fortement West Side, de plus en plus solide. Le chant s’affirme, les guitares et l’harmonica sont dans le ton. On les attend en vedettes aux Rendez-Vous de l’Erdre le 1er septembre.

Le 6 mai, le Dynamo Café accueille The Bar Room Preachers, un groupe comprenant des anciens de la scène nantaise comme Nicolas Deshayes à la guitare (ex-Hound Dogs), Arnaud Gobin à la basse ou Jérôme Boisneau à la batterie (ex-Cool Drivers). Le leader au chant, à la guitare et à l’harmonica est Daniel Maerten. Leur musique est fondamentalement blues tout en incorporant des ingrédients variés avec des reprises de Freddie King, Junior Wells, Robert Cray, Little Milton, Eric Bibb, Kim Wilson, Joe Louis Walker, O.V. Wright, Al Green, Tad Robinson ou Van Morrison. Ça ratisse large et manque peut-être un peu de liant mais le groupe emporte le morceau par ses qualités musicales, les musiciens ayant visiblement l’envie de bien faire. Les guitares sonnent bien et l’harmonica a un très joli son. En fin de concert Sami Touré (String Breakers, Deluxe Presidents) monte sur scène pour prendre la guitare sur Watermelon man, avant de céder la place à François Nicolleau (Lazy Bones, Nolapsters, Three Generations Blues Band) et Laurence Le Baccon (String Breakers) pour une reprise de Hound dog bien sympathique. Le final se fait avec Funky way.

 


The Bar Room Preachers

 

Le 17 mai, c’est la soirée “Prun de Blues Live” dans les locaux du magasin Hurricane Music à Vertou. Toujours le même principe avec deux groupes en direct et des périodes musicales entrecoupées d’interviews par Francis Rateau et votre serviteur. La première heure est consacrée aux Royal Premiers, groupe nantais de soul garage qui a vu certains de ses membres changer ces derniers mois. C’est Ivy Thessalonia qui est désormais au chant, avec Yann Jaffiol à la guitare, Quentin Bendimerad à l’orgue, Stéphane Vinet au saxophone, Jeff Gaboriau au trombone, Franck Daniel à la basse, et le nouveau venu Olivier Caille à la batterie. Leur répertoire semble extrait des compilations de rhythm and blues, soul, jazz, boogaloo, popcorn, northern soul dont le label britannique Ace a le secret. C’est envoyé avec une grosse énergie et une urgence revigorante, à coups de morceaux courts et percutants, embellis par le son conjugué du saxophone et du trombone, soutenus par de belles nappes d’orgue. Ivy est très prometteuse au chant et s’est fondue sans peine dans l’élégance de l’ensemble.

 


The Royal Premiers

 

Ils cèdent la place à Dr. Dee et les Bad Mules. Le quatuor est toujours composé des piliers Denis Agenet (chant et batterie), Julien Broissand (chant et guitare), mais avec un nouvel organiste Bruno Denis, et un nouveau saxophoniste, Sylvain Tejerizo, qui joue par ailleurs avec les Rhythm Dudes de Nico Duportal. La rencontre avec Deshon “Dr. Dee” Shed s’est faite lors du voyage du groupe à l’International Blues Challenge en 2016. Dr. Dee est un jeune chanteur doté d’une voix et d’un charisme impressionnants qui décuplent l’impact musical des Bad Mules, dont le répertoire se fait plus soul, reprenant celui du disque récemment publié. La voix de Dr. Dee captive mais il y a d’autres raisons d’être bien avec la guitare, l’orgue et le saxophone de Sylvain Tejerizo qui se fend de plusieurs jolis solos. Le rappel avec le Steal away de Jimmy Hughes est à frissonner. Ils vont tourner cet été, il ne faudra pas les manquer.

 


Dr. Dee et les Bad Mules

 

Le 19 mai, Les Lazy Bones sont au Zygo Bar. François Nicolleau en est le leader, au chant et à la guitare, avec Ronan Le Huludut à la deuxième guitare, Romain Charrier à l’harmonica, Thomas Troussier étant absent pour ce soir, Jeff Vincendeau à la basse et Arnaud Migné à la batterie. Groupe de reprises, les Bones ont un répertoire étendu, de Memphis à Chicago en passant par Saint Louis, sans oublier la Californie et la Louisiane, avec des emprunts à Muddy Waters, Frank Frost, Jimmy Witherspoon, Buster Benton, Ike Turner, T-Bone Walker, Alvin Robinson. François est toujours aussi étincelant à la guitare et progresse continûment au chant. Romain Charrier, dont c’est le premier concert avec le groupe, est étonnamment à l’aise et régale de solos bien construits. Ronan prend le chant sur deux reprises de Johnny Cash, qu’il orne de sa guitare dans un registre où il est très fort. Le final se fait avec Nicolas Deshayes à la guitare sur un titre et Laurence Le Baccon au chant sur le tout dernier morceau. Le rappel est un boogie instrumental à la Magic Sam.

 


Lazy Bones

 

Le mois de juin Nantais s’annonce rempli, nous en reparlerons.

Texte et photos : Christophe Mourot