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Live reports / 11.04.2017

Mammal Hands

Il se passe quelque chose côté jazz en ce moment en Angleterre. De Gogo Penguin à l’omniprésent Shabaka Hutchings en passant par Matthew Halsall, Binker & Moses ou Yussef Kamaal, les propositions artistiques excitantes se succèdent, dans des esthétiques très diverses mais qui reposent tous sur une certaine vision du jazz “ici et maintenant”. Produit par Halsall, le trio Mammal Hands (les deux frères Nick et Jordan Smart, respectivement au piano et au sax, et Jess Barrett, à la batterie et aux tablas) s’inscrit dans la lignée esthétique de Gogo Penguin et ont, comme eux, publié leurs deux albums sur le label de celui-ci. Comme leurs camarades sphénisciformes, le groupe propose une musique sophistiquée, à la limite du miniaturisme, avec des compositions complexes qui, bien qu’elles ne reposent que sur des instruments acoustiques, empruntent une bonne partie de leur structure – et notamment un certain goût pour la répétition – aux musiques électroniques.

Sur scène, cependant, le trio peine à donner une incarnation à sa musique, en dépit de la qualité sonore parfaite du lieu. Malgré quelques belles envolées, il semble en quelque sorte prisonnier de sa musique, et l’absence quasi-totale de communication avec un public pourtant attentif et bienveillant interdit d’adhérer pleinement à leur proposition… Reste malgré tout le plaisir d’avoir entendu une musique en train de s’inventer, et dont on peut espérer beaucoup dans les années à venir.

Frédéric Adrian