Installé depuis le début des années 1980 à Las Vegas et devenu un habitué des cabarets de la ville avec sa version de Ink Spots – un groupe vocal des années 1930 –, c’est cependant côté soul que Lou Ragland avait fait ses débuts, dans sa ville natale de Cleveland.

Découvert par la chanteuse Kim Tolliver, dont il rejoint le groupe, il s’élance en tant que leader de Lou Ragland & the Bandmasters avec un single paru en 1964 sur le label local Way Out, mais doit attendre 1967 pour lui donner suite avec I travel alone, publié en 1967 sur Bell grâce au soutien de son ami Edwin Starr, qui deviendra plus tard un petit classique sur la scène northern. Ragland se produit sur les scènes de Cleveland sous le nom de The Volcanic Eruption (un single sur Way Out) avant de monter son propre groupe, Hot Chocolate – rien à voir avec l’ensemble anglais du même nom –, qui publie au début des années 1970 un album et une série de singles sur le label Co Co Cleveland, qu’il a contribué à fonder. Un single sous son nom pour Mercury en 1973 passe inaperçu, et c’est ensuite sur son propre label, SMH, qu’il publie un album, “Is The Conveyor”, sous-titré “Understand Each Other”. Outre sa carrière personnelle, il contribue pendant la décennie 1970, à différents disques pour d’autres artistes basés à Cleveland, notamment pour les labels Way Out et Saru (tous deux compilés par Numero sur des volumes de la série “Eccentric Soul”). 

La situation économique à Cleveland étant très difficile, Lou Ragland s’installe à Las Vegas, où il se produit avec différents ensembles (outre les faux Ink Spots mentionnés précédemment, le Great Lakes Orchestra, le groupe gospel First Light et les Las Vegas Tenors) et enregistre ponctuellement, sous son nom ou sous ceux de ses groupes, bien souvent pour ses propres labels comme Casino Records ou Great Lakes Records. Il lui arrive également de se produire en Europe, en particulier à l’invitation de son vieil ami Edwin Starr.

Les rééditions de ses albums des années 1970 au début des années 2000 par Soul Brothers Records relancent l’intérêt pour sa carrière soul, et Numero Group publie en 2012 une copieuse anthologie, “I Travel Alone”, reprenant les deux albums des années 1970, des singles ainsi que de nombreux inédits. Bien accueilli, le coffret lui permet de se faire connaître d’un plus large public, mais c’est à Vegas et avec ses Ink Spots qu’il continuait à se produire régulièrement.

Texte : Frédéric Adrian
Photos © DR / Numero Group