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Live reports / 18.04.2016

Leon Bridges + Andra Day

Il a 26 ans, elle 31. Tous deux s'inscrivent dans une esthétique soul-rhythm and blues et bénéficient d'une belle poussée de notoriété depuis qu'ils ont chacun publié un premier album sur une major l'été dernier. Double plateau découverte ce soir donc à La Cigale, avec l'espoir d'être davantage convaincu “live” qu'après écoute de ces deux disques non dénués de charme mais vraiment pas bouleversants.

 

 

Andra Day et ses airs de diva bohème – un brin Melody Gardot – en imposent rapidement. Son quartet assure et, elle, a du mordant. Du bagout dans le timbre, façon Amy Winehouse, et une attaque qui ne craint pas d'être explosive, façon Etta James. Comme sur “Cheers To The Fall”, Forever mine se charge des présentations et s'avère fort convaincant. Mais comme sur l'album aussi, la Californienne a un fâcheux penchant pour la surcharge. Trop souvent la théâtralisation de son jeu de scène verse dans la grandiloquence, comme lors de son Rise up et jusqu'à ce I want it all de Queen, très pesante conclusion. Mais puisque ça plaît…

 

 

 

Entretemps on a toutefois pu apprécier son Honey or fire, sa relecture originale et rattachée au présent de Mississippi Goddam de Nina Simone, son ouverture sur le hip-hop via une reprise judicieuse du No make-up de Kendrick Lamar. Andra Day pèche par excès mais sait y faire pour déclencher les réactions qui contrent l'indifférence. Ce n'est pas le cas du jeune Texan qui débarque après la pause.

 


Leon Bridges

 

Son album “Going Home” étant un exercice de style tout droit sorti du tournant des sixties, on s'attendait évidemment à voyager dans le temps. De là à jouer à fond la carte “rétro”, habits et gestuelles compris, pourquoi pas… Sauf qu'après un Smooth sailin' qui fait son effet, Leon Bridges embraye sur du rock'n'roll, tire vers le twist, avec l'envie mais sans la sueur. Sax ténor, choriste à tambourin, deux guitares… son sextet est équipé mais demeure bien sage, l'air de nous souhaiter la bienvenue dans un décor de carte postale. Pas question ici de casser la baraque comme un Hank Ballard. En tout cas, même lyophilisées, les bonnes vieilles recettes fonctionnent vu à quel point la Cigale se dandine. Alors on fait un effort, on attend un tournant, quelque chose d'autre…

 

 

 

Mais côté “early soul”, Leon Bridges manque sérieusement de coffre pour endosser le costume de ses références. Un bon moment tout de même avec Lisa Sawyer, une de ses compositions notables, et le voilà qui se relance dans un énième uptempo à la linéarité redoutable. On a tenu trois bons quarts d'heure et la guitare de Leon n'avait toujours pas quitté son stand. Sur le chemin du retour on se demande quand est-ce que Raphael Saadiq va revenir mettre les pendules à l'heure et pourquoi le mois dernier y avait-il infiniment moins de monde au concert de James Hunter, qui puise aux mêmes sources avec infiniment plus de personnalité que le sympathique Leon. Don't believe the hype…

Nicolas Teurnier
Photos © Fouadoulicious